Attaquant infatigable, Adil Jelloul avait été peu récompensé de ses efforts sur les sept premières étapes. Le leader officiel de la formation marocaine, qui avait passé le début de l’épreuve dans l’ombre de son coéquipier Mouhssine Lahsaini, a frappé un grand coup sur l’étape menant à Fada N’Gourma, la plus longue du Tour.
A l’initiative de l’essentiel des offensives du jour, Jelloul s’est surtout montré décisif sur une contre-attaque à 25 kilomètres de l’arrivée. Accompagné de Sadrack Teguimaha (Cam) et Thijs Pelstra (Hol) dans le final, le récent vainqueur du Tour du Sénégal a achevé sa démonstration en déposant ses deux derniers compagnons de route. A l’heure des comptes, il a surtout plus de quatre minutes d’avance sur le peloton, dans lequel les cadres n’ont pu qu’encaisser le choc. Jelloul s’est ouvert la voie de la victoire finale : son seul rival, Teguimaha, pointe à 51’’ au classement général. Revoyons le film de l’étape, séquence par séquence.
Le duel Viet – Lemoine pour le maillot rose
Les occasions de bouleverser le classement général sont désormais rares. Chacun sait que pour inverser la tendance en sa faveur, c’est sur la route de Fada N’Gourma qu’il faut faire la différence. Dans les dix premiers kilomètres de course, c’est donc un groupe étoffé qui se détache à l’avant de la course avec 36 coureurs au total. Egelmeers (Hol) et Smet (Bel), les deux premiers poursuivants de Lahsaini au général, ont raté le train, mais tous les « gens qui comptent » sur l’épreuve sont là. Jelloul, sorti dans les premiers, est entouré de trois coéquipiers, alors qu’une autre bataille se poursuit pour la conquête du maillot rose des « points chauds », entre Vincent VIet (Fra – ESS) et Joseph Lemoine (Fra – CEN). Sur le sprint intermédiaire de Mogtedo (km 44), Viet soigne légèrement son leadership, alors que le groupe de tête passe avec 1’40’’ de retard sur la grosse meute d’échappés.
Les Belges au travail
Plusieurs coureurs tentent sans grand succès de précipiter la situation en accélérant. La manoeuvre a pour première conséquence de distancer six coureurs, mais l’écart ne se creuse jamais plus que 2’10’’. Le travail de l’équipe belge en tête de peloton ne paye qu’au kilomètre 80, où le peloton est totalement reconstitué.
Encore quelques forces dans le peloton
Après plusieurs tentatives d’évasion, une nouvelle association à laquelle prennent part neuf coureurs progresse vers l’est, direction Fada. Ces divers mouvements donnent notamment l’occasion de voir Saïdou Rouamba et les frères Sawadogo en action, ainsi que Tega (Cam), ou encore Smet et Egelmeers. Parmi tous ces ambitieux, A.WahabSawadogo, Tega, Saadoune et Poelstra semble creuser l’écart au km 110. Mais un groupe de sept contre attaquants leur impose sa compagnie à partir du km 120. Tant que le peloton a encore quelques forces, l’écart est maintenu dans des proportions acceptables. Une fois encore, l’échappée est anéantie.
Jelloul, une option sur le titre
Alors que le peloton se décompose sous le poids des efforts et de la chaleur, Poelstra choit l’option « solo » pour partir à 30 km de l’arrivée. Dans les 38 coureurs qui composent encore le groupe principal, seuls Jelloul et Teguimaha sont suffisamment vaillants pour le prendre en chasse. Les trois hommes passent les vingt derniers kilomètres ensemble. Si l’on ne peut parler d’une réelle collaboration, l’écart commence à devenir conséquent : derrière, le peloton est collé à la route (4’05’’ d’écart à 10 km de l’arrivée). Dans les deux derniers kilomètres, Jelloul prend son destin en main. Son accélération fait mouche. C’est avec une cinquantaine de mètres d’avance sur Poelstra et Teguimaha qu’il franchit la ligne. Pendant que le chronomètre tourne, Jelloul sait qu’il a fait coup double, voir triple. En plus de l’étape il s’empare du maillot jaune, et prend une option sur le titre.
Crédit texte et photos : Amaury sport organisation