Issu de la scène musicale montpelliéraine (sud de la France), le groupe Fanga développe un afrobeat à la fois authentique et revisité. Afrik.com les a rencontré le 23 février dernier à l’occasion de leur première scène parisienne, où il a mis le feu. Korbo, le chanteur de groupe, nous fait partager sa flamme et nous explique comment ils portent tous le flambeau d’un courant musical festif, profond et fédérateur.
Par Badara Diouf et David Cadasse
« Transe, plaisir et puissance ». C’est ainsi que Korbo, le chanteur du groupe afrobeat montpelliérain (France), résume la musique du groupe Fanga. Un afro beat renouvelé où se mêlent de subtiles influences rap et électro pour un son qui a su garder toute son authenticité. Si leur dernier album [Afrokalytik->
est déjà dans les bacs, c’est sur scène que la joyeuse bande s’éclate le plus et communie le mieux avec son public. Et de l’avis de ceux qui l’ont déjà vue à l’œuvre en live, Fanga, « la force (spirituelle) » en dioula (langue d’Afrique de l’Ouest), n’a pas usurpé son nom. Korbo lève le voile sur cette aventure humaine et surtout musicale.
Afrik.com : Comment est né Fanga ?
Fanga : Nous avons débuté avec Serge Amiano et moi, « Korbo » le chanteur. Serge travaillait aux machines et il s’intéressait à l’afro beat et moi je faisais un peu de hip-hop de mon côté. Il a trouvé que ma voix pouvait très bien passé sur des rythmes afrobeat et on a commencé à faire ce projet Fanga ensemble. Petit à petit on s’est rendu compte qu’il manquait un peu de « patate » sur scène et nous avons décidé d’intégrer des musiciens pour arriver à cette formule actuelle. Nous sommes aujourd’hui sept musiciens composés d’un guitariste, un batteur, un saxophoniste, un bassiste, un clavier, un percussionniste, et un chanteur.
Afrik.com : De quand date votre aventure ?
Fanga : La rencontre s’est faire en 1999 et en 2000 nous avons sorti un maxi vinyle, appelé Korbo en collaboration avec un autre artiste et la musique était de Serge. Nous avons gagné une compilation à avec la mairie Montpellier qui organisait un concours tous les deux ans. Nous avons aussi sorti un CD à deux titres.
Afrik.com : Comment êtes-vous tombés dans l’afrobeat ?
Fanga : Serge travaillait beaucoup avec un groupe de rap algérien, donc du coup il a énormément bossé sur de la musique berbère traditionnelle algérienne. Il s’est rendu compte au final qu’il fallait plus descendre vers le Sud et il a découvert là-bas l’afrobeat. Et pour ce projet de Fanga il a voulu m’y inclure. C’est un passionné de la musique et un chineur de disques qui a voyagé assez souvent en Afrique.
Afrik.com : En tant que chanteur de rap, comment avez-vous sauté le pas pour entrer dans l’univers de l’afrobeat ?
Fanga : Disons que moi je ne plaisais pas trop dans le hip-hop, car j’avais l’impression d’être à l’étroit par rapport à ce que je faisais ou pouvais faire. Et Serge m’a présenté le projet. Je connaissais déjà la musique africaine car mon père avait une boite de nuit et tous les soirs j’entendais des sons du style de Salif Keita… Disons la musique de l’Afrique de l’Ouest. Le projet m’avait semblé au départ assez dur, mais je m’y suis retrouvé par la suite.
Afrik.com : Finalement, on ne retrouve pas de rap à proprement parlé dans l’album ?
Fanga : Nous avons fait un album plutôt afro beat mais pour le rap il est peu exploité car ce n’était pas le but ici.
Afrik.com : L’afrobeat est une musique de scène à l’instar de ce que faisait Fela et d’autres. Etes-vous plus à l’aise en studio ou sur scène ?
Fanga : On a beaucoup de plaisir en jouant sur scène, car il y a un contact avec le public. Mais pour ce qui est du studio c’est assez différent, car on a ici le plaisir de la perfection musicale. Mais nous préférons la scène (sourire).
Afrik.com : Il y a-t-il beaucoup de groupes qui font de l’afrobeat en France ?
Fanga : Le nombre de groupe qui fait de l’afrobeat est assez réduit en France, un groupe à Montpellier et un autre à Paris. Mais d’une manière générale, il y en a très peu dans le monde qui font ce genre de musique.
Afrik.com : L’afrobeat est un peu une niche musicale en Afrique. N’avez-vous pas peur d’être trop spécialisés pour un public français ?
Fanga : Du point des médias, c’est une musique qu’ils ne connaissent pas trop. Donc qui ne les intéresse pas trop. Mais de la part de nos auditeurs, l’accueil est tout autre accueil. Et extrêmement chaleureux, car l’afrobeat est une musique est très festive et tout le monde danse.
Afrik.com : Votre public est-il connaisseur averti ou profane ?
Fanga : En fait il y a des deux, des personnes qui connaissent très bien cette musique et parfois des curieux qui viennent la découvrir.
Afrik.com : Comment les connaisseurs de l’afrobeat accueillent votre performance sur scène ?
Fanga : Ils aiment beaucoup car nous jouons avec beaucoup d’instruments, notamment électroniques, et ma voix d’influence rap apporte quelque chose de nouveau. C’est un peu une résurrection de l’afrobeat.
Afrik.com : Vous n’avez pas encore vraiment fait de scène à l’étranger. Avez-vous pensé à vous produire en Afrique ?
Fanga : Bien sûr qu’on y pense, ça serait vraiment le pied si l’on pouvait jouer au Nigeria par exemple (pays d’origine de Fela, ndrl). Mais cela demande beaucoup de préparatifs en amont car si cela devait se faire ça serait plus dans le cas d’une tournée africaine et pas pour un seul concert.
Afrik.com : Lorsque l’on est un groupe, comment se déroule exactement le processus créatif ?
Fanga : Justement la difficulté se pose lorsque vous êtes nombreux. Pour notre part Serge arrive avec un début de composition et des morceaux qu’il nous présente. On essaie de travailler tous sur les musiques présentées, mais si rien n’aboutit musicalement après des essais et répétitions, on passe à autre chose.
Afrik.com : Beaucoup de personnes nourrissent une certaine appréhension quant à l’industrie musicale. Est-ce votre cas ?
Fanga : Pour notre part, nous avons produit notre album seul, sans passer par des majors et la seule chose qu’ils pourraient nous apporter c’est la promotion. Nous avons notre distributeur. Mais ce sont des supports publicitaires assez obsolètes, surtout grâce à internet.
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