Le Réseau africain des promoteurs et des entrepreneurs culturels (RAPEC) et l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la Culture (UNESCO), organisent ce mardi à la Maison de l’UNEsCO, à Paris, une conférence-débat sur le thème : Culture, économie, intégration régionale. Les acteurs du monde culturel africain débattront de la place de la culture en Afrique et des voies et moyens pour en faire un levier de développement. Plusieurs table-rondes et des prestations d’artistes africains émailleront cette rencontre.
Selon son président John Ayité Dossavi, le Rapec est la seule structure en son genre en Afrique. Ce réseau est né de plusieurs observations en Afrique où se tient annuellement plus de 300 événements culturels. Des événements qui malheureusement, dans leur grande majorité, ne sont pas couverts médiatiquement. Pourtant, « l’art et la culture, bien gérés, peuvent devenir des sources de revenus pour le continent », estime M. Dossavi. Le RAPEC se donne donc pour mission de contribuer à la promotion de la culture africaine, d’une part, en rapprochant les promoteurs et les entrepreneurs culturels, et, d’autre part, en plaçant la culture au centre des préoccupations des dirigeants du continent. Après son lancement en novembre 2007 au Burkina-Faso, le Rapec organise à Paris, mardi, une rencontre-débat sur le thème: la Culture, levier du développement en Afrique. Une conférence qui devrait être suivie début 2010 d’un Congrès panafricain portant sur la Culture.
Afrik.com : Est ce que le projet du RAPEC a évolué depuis son lancement en novembre 2007 ?
John Ayité Dossavi : A la base nous avons voulu rassembler les acteurs de la sphère culturelle en Afrique au sein d’un même réseau. Mais au fur et à mesure de l’évolution de notre projet et de nos discussions avec les concernés, nous nous sommes rendus compte que ces acteurs veulent plutôt une reconnaissance de leur travail par les dirigeants du continent. La définition du RAPEC a donc changé pour devenir : le Réseau africain des promoteurs et des entrepreneurs culturels au lieu de Réseau africain des promoteurs d’événements culturels. Nos objectifs ont aussi évolué. Au delà de vouloir regrouper les acteurs du monde culturel en Afrique, nous comptons aussi porter la culture au cœur des préoccupations des dirigeants africains. Des gens nous demandent souvent si ce sont les autorités qui doivent mettre en place les structures nécessaires à la promotion de la culture en Afrique. Je dis oui, mais ces dirigeants on besoin d’être éclairés par les acteurs du secteur. Le RAPEC veut servir de pont entre les autorités compétentes et le monde culturel.
Afrik.com : Est ce qu’on peut finalement dire que la conférence qui se tient à Paris constitue l’acte de naissance du Rapec ?
John Ayité Dossavi : Pas du tout. L’acte de naissance reste le lancement qui a eu lieu à Ouagadougou au Burkina-Faso en novembre de 2007. Cette conférence parisienne constitue une rencontre parmi d’autres qui vont être organisées sur le continent en préparation au premier congrès panafricain sur le thème de la culture.
Afrik.com : Qu’attendez-vous de cette rencontre parisienne ?
John Ayité Dossavi : Lors de cette rencontre de Paris, les acteurs du monde culturel africain (cinéastes, comédiens, écrivain, architectes…) vont débattre sur les difficultés et les enjeux de la culture et tenter d’apporter leur pierre à l’érection de l’édifice. L’idée, c’est de poser les bases pour l’organisation du premier Congrès panafricain prévu pour fin 2009 et début 2010. Ce congrès aboutira à un document que nous présenterons à la commission de l’Union africaine.
Afrik.com : Vous êtes donc convaincu que la culture reste un levier de développement en Afrique…
John Ayité Dossavi : Absolument ! Aucun développement ne peut se faire sans la culture. On ne peut pas vouloir faire du bien à quelqu’un sans connaître sa culture. L’Afrique ne doit pas demeurer un continent où l’on vient puiser seulement des richesses. On a vu la Chine rayonner par sa culture, l’Inde…. L’image de l’Afrique doit, aujourd’hui, être portée par son cinéma, ses musiciens, ses artistes peintres sculpteurs etc…. Aux Etats-Unis, des structures ont été construites pour promouvoir l’industrie culturelle. Je ne peux pas admettre que sur un continent de presque 1 milliard de personnes il n’y ait pas de maison de production pour les artistes africains. Ce que gagne par exemple Salif Keita représente le tiers de ce que sa maison de production encaisse. Ce n’est pas pour rien que plusieurs institutions et organisations internationales choisissent des artistes africains comme ambassadeurs…
Afrik.com : Vos partenaires ont-ils bien accueilli votre projet ? Ou avez-vous eu du mal à obtenir leur adhésion ?
John Ayité Dossavi : Je voudrais d’abord dire que nous sommes fiers et très heureux de voir que l’Unesco a inscrit le projet RAPEC dans ses programmes. Les partenaires (Institutions et médias) nous ont soutenus dès le départ. L’Unesco après avoir accepté le partenariat a voulu co-organiser, avec nous, cette rencontre de Paris. La seule difficulté est de réunir les acteurs de notre continent. Ce n’est pas une mince affaire que de réunir le Africains sur ce type de projet, mais progressivement nous y arrivons. Plusieurs noms nous ont déjà rejoint. Parmi eux : Gowou Michel, Boweri, Magic System, Jacob Devarieux…..
Afrik.com : Qui finance le RAPEC ?
John Ayité Dossavi : Pour le moment, nous dépendons essentiellement du soutien des volontaires. Mais je crois que nous trouverons facilement plus de financement quand nous aurons posé des actes. On ne finance pas seulement les idées.
Afrik.com : Quels sont les prochains rendez-vous du RAPEC ?
John Ayité Dossavi : Après cette conférence de Paris, le bureau du RAPEC va se réunir pour définir les prochaines échéances. D’autres rencontres sont prévues en Afrique du Nord et dans des pays anglophones.