En 2002, l’assainissement a été intégré aux Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) et plus spécifiquement à l’OMD 7, Cible 10, qui vise à réduire de moitié « d’ici 2015, la proportion des personnes n’ayant pas d’accès durable à de l’eau potable et à un assainissement de base ». Pourtant, en RDC, dans la plupart des provinces, il s’observe un faible accès au service d’assainissement soit un taux de desserte en assainissement de 23% (OMS, 2011) la moyenne régionale est de 34% et ce, malgré les importantes conséquences sanitaires. Le but de ce papier est d’explorer les pistes des solutions face à ce problème de grande envergure.
La première chose qui vient à l’esprit concernant l’assainissement, ce sont les latrines. D’après Evans (2005), le terme d’« assainissement » couvre un secteur bien plus large d’activités. Il englobe à la fois l’hygiène, recyclage sûrs des excrétions humaines (matières fécales et urine), la gestion de l’eau, etc. En RDC, la situation est critique. Le Document stratégique pour la réduction de la Pauvreté (2005), note que le niveau d’accès des ménages aux moyens d’enlèvement des déchets solides et liquides et d’élimination des vecteurs de maladie des foyers est faible. Seulement 17% des ménages possèdent des latrines hygiéniques. En l’absence, d’un système cohérent d’élimination des déchets spéciaux la population pratique la défécation en plein air, les déchets sont jetés dans la rue, etc.
De toute évidence, le mauvais état de l’environnement en RDC détruit considérablement la santé publique. A cet effet, Evans (2005) note qu’environ 88% de toutes les contaminations de diarrhée dans le monde sont dues à un approvisionnement en eau insalubre, à l’absence de pratiques d’hygiène saines et à des dispositifs d’assainissement rudimentaires. Or améliorer l’assainissement, parallèlement à une amélioration de l’approvisionnement en eau, pourrait directement contribuer à une réduction significative de l’incidence de la diarrhée, des vers intestinaux et favoriserait la santé maternelle, etc. (Banque Mondiale 2010). Notons toutefois que ce sont les femmes qui endurent le plus gros des problèmes de santé et des risques de sécurité liés à l’absence d’installations privées d’assainissement ou d’équipements sanitaires, plus la charge de porter l’eau.
Quels sont les obstacles présents d’assainissement en RDC ?
Il existe un certain nombre d’obstacles potentiels au développement et à la mise en œuvre des politiques d’assainissement en RDC. En effet, il n’existe aucun document de politique nationale sur l’assainissement en RDC. Il semble qu’aucun document n’ait été produit pour donner l’orientation de la politique publique en matière d’assainissement. Ce même vide politique semble également exister dans les provinces en plus d’un personnel qualifié dans le « secteur » de l’assainissement très rare.
Par ailleurs, l’absence de la demande pour un meilleur assainissement et une meilleure hygiène pourrait, bien entendu, être en partie due au manque des connaissances au sujet des menaces pour la santé que représentent les mauvaises conditions sanitaires.
En parallèle, la pauvreté fait obstacle à l‘amélioration de l’assainissement : « même une technologie améliorée bon marché peut être hors de la portée financière » des populations plus démunies (PNUD, 2005).
En surenchère, il ya l’insuffisance budgétaire. Le bon sens suffit pour dire que la part des dépenses publiques dans l’assainissement est insignifiante. D’ailleurs, il est difficile d’estimer ce montant. De ce fait, les ménages paient la facture de l’investissement dans l’assainissement. Or, il n’est pas certain que les ménages soient à eux seuls capables d’accroitre l’investissement jusqu’au niveau nécessaire (Banque Mondiale, 2011).
En RDC, la situation de l’assainissement est très préoccupante. Plusieurs explications concourent à justifier cette déplorable réalité à savoir celles internes au « secteur » d’assainissement lui-même et ceux relevant du dehors du secteur entr’actes les problèmes de gouvernance que connait le pays. L’Etat Congolais doit prendre le problème de l’assainissement au sérieux. Il apparait clairement qu’au vu de ce qui précède, qu’il sévit dans ce pays une crise d’assainissement. De ce fait, il est important de trouver des réponses pour s’attaquer à ce problème.
La première priorité est de mettre en place une vraie politique nationale d’assainissement pour donner l’orientation à l’action publique en matière d’assainissement. Car la plupart des représentants du gouvernement travaillent sans un cadre de référence qu’il s’agisse des directives officielles ou des plans et programmes. Tout en garantissant un appui budgétaire à l’assainissement ; appui qui devra croitre proportionnellement aux rentrées fiscales.
Par ailleurs, il faudrait stimuler la demande d’assainissement et le changement de comportement là où prévaut la défécation en plein air, la vidange des ordures dans la rue, etc. par une communication et une éducation du public. Pour preuve, en Inde, un investissement de fonds publics dans les latrines, non accompagné d’une éducation à l’hygiène n’a convaincu que 37% des hommes à les utilisées (Banque Mondiale, 2002). Qui plus est, en ce qui est des latrines toujours, un changement des valeurs culturelles pour habituer les populations à déféquer non pas en plein air mais à utiliser les installations fixes est important.
Il est essentiel de garantir une offre adéquate des services sanitaires-dans les zones où les latrines non améliorées dominent- et des services d’assainissement. En effet, les problèmes sur l’offre sont des réelles contraintes. Le « secteur » de l’assainissement est dominé par le privé qui évolue dans un contexte délétère. Il faudrait remédier aux blocages qui empêchent l’émergence du secteur privé ce qui lui permettrait de développer l’innovation. A titre illustratif, le programme national d’assainissement et à la formation du Lesotho, crée il y a 20 ans, est consacré à la promotion de l’assainissement et à la formation du secteur privé. Celui-ci a fait augmenter la couverture nationale de l’assainissement de 20 à 53% de la population (Banque Mondiale, 2005).
Par surcroit, toujours dans le souci de promouvoir l’initiative privée, le soutien de l’Etat devra se canaliser vers la R&D, l’ouverture de canaux d’approvisionnement pour les intrants et dans la commercialisation des latrines. Mais aussi coordonner les différents acteurs dans le secteur.
Aujourd’hui, il est une nécessité de rendre les égouts accessibles dans les zones densément peuplées surtout que le pays connait une croissance démographique de 2,5% chaque année. Au mieux installer des microsystèmes de traitement et d’élimination des eaux usées vu la pauvreté des ménages et de l’Etat. Les coûts de construction seront réduits grâce à l’utilisation des tuyaux de petit diamètre enterrés à une profondeur peu importante ; des travaux qui seraient effectués par les habitants. Les expériences réalisées en Amérique latine révèlent jusqu’à 65% d’économies (Melo, 2005).
Enfin, attaquer l’impunité qui bat son plein en cette matière. Ceux qui ouvrent leurs latrines la journée comme la nuit ne s’inquiètent de rien. Ils polluent le quartier au vu et au su de tous. Pas de police ni brigade d’hygiène pour punir les auteurs de ces crimes. C’est avec des amendes prohibitives qu’il faudrait décourager les contrevenants car la santé tant individuelle que collective n’a pas de prix. « Qui aime bien châtie bien », dit un Veil adage français.
La traduction de ces suggestions en action de la part du gouvernement en vue de résoudre la crise de l’assainissement nécessitera un maximum de volonté politique car les solutions ci-dessus comportent des implications politiques et sociales importantes. Et comme le souligne Kemal Dervis, il est indispensable de progresser dans le domaine de l’eau et de l’assainissement pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) car « chacun des huit OMD est inextricablement liés au suivant, de sorte que si nous n’atteignons pas l’objectif concernant l’eau et l’assainissement, tout espoir d’atteindre les sept autres objectifs s’évapore rapidement ». De plus, l’accès à un système d’assainissement permet d’isoler et de maitriser les risques de contamination sanitaire et environnementaux.
Par Darly kambamba