Fadela Amara doit annoncer mardi prochain les grandes lignes de son plan, « Espoir banlieue », axé sur leur désenclavement, l’emploi et l’éducation, avant de présenter un projet complet en février. Le temps de mettre fin à la « cacophonie » gouvernementale évoquée ce mardi par la secrétaire d’Etat.
Fadela Amara laissera-t-elle son empreinte comme celle qui aura déghettoïsé les banlieues ? La secrétaire d’Etat à la politique de la ville doit annoncer mardi prochain les grandes lignes de son plan banlieue, à Vaulx-en-Velin, un quartier lyonnais emblématique de la révolte des quartiers populaires. Baptisé « Espoir banlieue », il bénéficierait dans un premier temps d’un milliard d’euros pour les « cinquante quartiers les plus en difficultés », selon des propos tenus par Fadela Amara lors d’une table ronde, en décembre dernier, et rapportés par Madame Figaro à paraître ce samedi. Des propos toujours d’actualité, selon son secrétariat.
Christine Boutin, ministre de la Ville et de tutelle de Fadela Amara, s’est signalé ce lundi en déclarant au quotidien La Croix que « ce n’est pas d’un énième plan qu’ont besoin les quartiers difficiles, mais d’une dynamique globale». Elle s’est dépêchée ce mardi d’indiquer qu’il n’y avait aucune mésentente avec sa secrétaire d’Etat, ni avec le Premier ministre François Fillon, qui avait déclaré quelques heures plus tôt, lors de ses vœux à la presse, qu’une « politique spécifique aux quartiers les plus défavorisés est absolument nécessaire ». La présidente de « Ni putes ni soumise » regrettait de son côté la cacophonie gouvernementale sur la question de la banlieue.
« Emploi, éducation et désenclavement »
L’« emploi, [l’] éducation et [le] désenclavement des banlieues », ouvertes vers l’extérieur grâce à une amélioration des transports, seront « les trois axes majeurs » du plan de la secrétaire d’Etat. En terme d’emploi, « nous installerons des bureaux de recrutement au pied des cités, avec des partenaires privés et publics. Pour les jeunes sans qualification, nous proposerons un parcours sécurisé avec des coachings, des formations, le financement du permis de conduire si besoin », explique-t-elle dans Le Figaro Madame. Quant à l’école, Fadela Amara souhaite créer les conditions permettant aux familles de rencontrer les professeurs et de s’investir le mieux possible dans la scolarité de leurs enfants. Elle évoque également la création « de pôles d’excellence » dans les établissements scolaires, pour « brasser les gens, les cultures, les savoirs, créer la mixité… »
En novembre dernier, elle avait indiqué qu’elle s’appuierait sur les résultats d’un rapport accablant de la Cour des Comptes concernant la gestion des fonds alloués aux banlieues depuis cinq ans. Il pointait les « dysfonctionnements » de tous ordres, les « retards de paiements aux associations », l’« enchevêtrement des dispositifs » ainsi que leur lourdeur, le « désengagement de l’Etat avant les émeutes » de 2005 ou encore l’« inconstance des politiques ». Afin de donner « un cadre stable à la politique de la ville et d’en évaluer les résultats », la juridiction administrative préconisait la création d’un ministère d’Etat au champ d’action fixe durant une décennie. Depuis 1990, indique l’AFP, 19 ministres ou secrétaires d’Etat chargés de la politique de la ville se sont succédés en France.
Le Conseil national des villes appel à l’action
Mercredi, c’est le Conseil national des villes (CNV), un organe composé d’élus de communes de toutes obédiance, et dont la mission vise à conseiller le gouvernement sur la politique de la ville, qui est entré dans le jeu. Alors que la présentation du plan banlieue ne cesse d’être repoussée, il a « alerté le président de la République et le Premier ministre de la gravité de la situation et des mesures urgentes à mettre en œuvre ».
Le CNV rappelle en cinq propositions à l’Etat ses missions de « droit commun », notamment en matière de sécurité, de santé et d’éducation, et aborde de façon plus spécifique la question de la fiscalité locale. « Nous n’avons pratiquement pas de TP (taxe professionnelle) », fait valoir François Pupponi, le maire socialiste de Sarcelles. « On a mis les populations qui ont le plus de besoins dans les communes qui ont le moins de moyens ».
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