Le Burkina Faso vient d’annoncer le retour de la peine capitale, six ans après son abolition en 2018. Cette décision du ministre de la Justice, Rodrigue Bayala, révélée le 8 novembre 2024, marque une rupture avec la tendance abolitionniste observée sur le continent africain. Elle illustre la tension croissante entre impératifs sécuritaires et droits humains dans un pays confronté au terrorisme.
Le gouvernement burkinabè vient d’annoncer le rétablissement de la peine de mort. Un choix radical qu’il justifie par la nécessité de répondre aux violences qui déstabilisent le pays. Le ministre de la Justice Rodridue Bayala précise que cette réintroduction, voulue par le chef de l’État Ibrahim Traoré, s’inscrit dans une politique criminelle plus ferme face aux menaces. La peine capitale est ainsi présentée comme un instrument de dissuasion contre les actes terroristes, dans un contexte où la sécurité nationale est mise à rude épreuve.
L’Afrique divisée sur la peine capitale, un continent aux pratiques contrastées
En 2024, la situation de la peine de mort en Afrique reflète une profonde disparité entre les nations. Une vingtaine de pays, parmi lesquels le Bénin, le Rwanda et le Sénégal, ont fait le choix d’une abolition totale. D’autres États, comme le Cameroun, le Nigéria et l’Égypte, maintiennent les exécutions dans leur arsenal juridique et les pratiquent régulièrement. La majorité des nations africaines se trouve dans une position intermédiaire : elles conservent la peine capitale dans leurs textes mais observent un « moratoire de fait », s’abstenant dans la pratique de procéder aux exécutions des condamnés. Dernier Etat en date à avoir annoncé la fin de la peine de mort, le Zimbabwe en février 2024.
Le débat sur la peine capitale cristallise des positions antagonistes. Ses défenseurs avancent l’argument de la dissuasion, considérant que la menace d’une sanction ultime peut freiner les criminels potentiels. Ils soulignent également l’importance de répondre aux attentes de justice des victimes, particulièrement dans un contexte de violence terroriste. La peine de mort représente pour eux l’expression la plus forte de l’autorité de l’État face aux menaces extrêmes. L’exécution capitale est aussi une action de communication censée montrer la fermeté de l’Etat.
Les organisations de défense des droits humains opposent à ces arguments plusieurs constats. Elles rappellent qu’aucune étude n’a démontré l’efficacité dissuasive de la peine capitale sur la criminalité. Elles alertent sur le risque d’erreurs judiciaires, particulièrement dramatiques lorsque la sentence est irréversible. La précarité des systèmes judiciaires africains renforce selon elles le danger d’une justice expéditive aux conséquences irréparables.
Un choix à contre-courant des tendances internationales
Cette décision du Burkina Faso intervient dans un contexte où le mouvement abolitionniste progresse en Afrique. En rétablissant la peine capitale, le Burkina Faso ouvre un nouveau chapitre dans le débat africain sur la justice pénale. Cette décision pourrait créer un précédent pour d’autres pays de la région confrontés à des menaces sécuritaires similaires.
Elle illustre la complexité des choix auxquels font face les États africains, entre protection des droits humains et réponse aux défis sécuritaires.