
Alors que le Sahel s’enfonce dans la violence djihadiste, que les États se désagrègent et que les alliances se recomposent au gré des intérêts étrangers, l’Algérie s’impose comme une exception régionale : prudente, autonome, et peu exposée au terrorisme en 2024, selon le Global Terrorism Index 2025.
Dans le tumulte sécuritaire qui agite l’Afrique de l’Ouest, un pays fait figure d’îlot relativement épargné : l’Algérie. Tandis que le Sahel est désormais responsable de plus de 51 % des morts par attentats dans le monde, que le Niger connaît une flambée de 94 % des décès liés au terrorisme, et que le Burkina Faso reste en tête du classement des pays les plus touchés, l’Algérie est bien plus bas dans l’Index 2025, classée au 42e rang avec une intensité d’impact faible.
Un contraste saisissant dans une région où les alliances militaires se fragmentent, les coups d’État se multiplient, et les groupes armés prolifèrent dans des zones de non-droit. À l’inverse, Alger continue de miser sur une doctrine de souveraineté régionale et de non-ingérence, combinée à un appareil sécuritaire robuste hérité de la « décennie noire ».
Une stabilité relative dans un arc de feu
Si l’Algérie a connu des menaces transfrontalières, notamment à la frontière avec le Mali, le pays ne figure ni parmi les pays ayant enregistré une hausse des décès, ni dans la liste des États confrontés à des attentats massifs. À titre de comparaison, son voisin le Niger a été frappé à plusieurs reprises en 2024 par des attaques de grande ampleur, dont celle de Tankademi ayant coûté la vie à 237 soldats en une journée.
Dans un contexte où des pays comme le Mali, le Burkina Faso et le Niger se tournent vers la Russie et s’éloignent de la CEDEAO, l’Algérie reste fidèle à sa tradition de médiation régionale, comme en témoigne son implication passée dans l’accord d’Alger de 2015, aujourd’hui fragilisé.
Malgré les tensions avec la junte malienne, Alger continue de prôner une approche inclusive face aux rébellions touarègues, là où d’autres optent pour une réponse strictement militaire.
Une politique étrangère indépendante
La relative résilience de l’Algérie face au terrorisme s’explique aussi par une diplomatie équilibrée, à la fois critique vis-à-vis des interventions occidentales inefficaces, mais également prudente à l’égard de l’influence croissante de Moscou et de Pékin dans la région. Contrairement au Niger ou au Mali, l’Algérie n’a pas cédé aux sirènes de Wagner ou des accords sécuritaires bilatéraux déséquilibrés.
Ce positionnement « entre les blocs » donne aujourd’hui à Alger un statut singulier dans une Afrique sahélienne fracturée. Dans une période où le terrorisme devient un facteur de recomposition des équilibres globaux, l’Algérie avance à pas feutrés, mais sûrs.