C’est Ezra, une œuvre ancrée dans une réalité douloureuse, la guerre du Sierra Leone, qui a été couronnée au Fespaco 2007. Dans ce film, le réalisateur nigérian Newton Aduaka nous entraîne à travers les méandres de la mémoire d’un ancien enfant soldat qui, convoqué par une commission Vérité et Réconciliation, doit faire face à un passé refoulé.
Par notre correspondant au Burkina Faso
L’Etalon d’or de Yennenga, la plus grande distinction du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), a été décerné à la 20è édition du festival, au réalisateur nigérian Newton Aduaka, pour son film Ezra, samedi à Ouagadougou.
Le jury, présidé par le camerounais Bassek Ba Kobhio, a primé Ezra, « pour son actualité et la pertinence de son propos ».
« J’espère que ce film va donner de l’espoir. Ce dont j’essaie de parler concerne tout le monde, c’est un film sur les effets de la guerre », a déclaré le cinéaste nigérian en recevant le prix, devant près de 20.000 personnes réunies au stade du 4-Août.
Le film ( budget de 1,6 millions d’Euros, durée 103 mn) raconte l’itinéraire d’Ezra, un adolescent qui tente péniblement de retrouver une vie normale après avoir été enlevé à l’âge de 7 ans par des rebelles sierra-léonais qui l’ont utilisé comme soldat au cours de la guerre civile particulièrement cruelle qui a fait, de 1991 à 2001, quelque 200.000 morts.
Pour « retourner à la vie », il doit d’abord passer par un centre de réhabilitation psychologique puis au tribunal de réconciliation nationale établi par l’Organisation des Nations unies. Ezra, alias général Lancerocket, est accusé par sa propre sœur d’avoir assassiné leurs parents. Mis devant les faits, il éprouve toutes les difficultés pour affronter sa propre identité, celle qui a participé à ces horreurs commises sous l’emprise de la drogue. Le film, construit autour de savants flash-back, transporte le spectateur entre la commission de réconciliation et le passé de l’adolescent, sur les lieux où se déroulait la guerre.
Ezra est une œuvre émouvante et forte qui fait le spectateur revivre et se questionner sur les conséquences de la terrible guerre du Sierra Leone. L’expérience personnel Newton Aduaka, qui a dû lui même fuir une guerre civile, a sans doute pesé dans la réalisation du film.
Le réalisateur, Newton Aduaka
Né en 1966 à Ogidi dans le sud-est du Nigéria, Newton Aduaka se fixe à Lagos avec sa famille en 1970 à la fin de la guerre du Biafra. En 1985, il abandonne le Nigéria et ses études d’ingénieur pour partir en Angleterre. Il obtient son diplôme d’histoire, d’Art et technique du cinéma à la London International School en 1990 et commence à travailler comme ingénieur du son (Prix de la bande sonore pour « Quartier Mozart » de J.P. Bekolo au FESPACO 93). Il est l’auteur de plusieurs scénarii. « On the edge » est son premier film.
Après avoir travaillé comme mixeur son il se lance dans l’écriture de scénarios et de nouvelles puis dans la réalisation. Réalisateur de nombreux films, il a été lauréat au Fespaco 2001 avec Rage, long métrage qui a obtenu le prix Oumarou Ganda. Il fut aussi lauréat aux festivals de Toronto, de Londres et à Vues d’Afrique de Montréal. Newton Aduaka a également fondé, avec Maria Elena L’Abbate, la société de production Granite Film Works (1997).
Filmographie
Voices Behind the Wall (1990), fiction (CM)
Carnival of Silence (1994), fiction (CM)
On the Edge (1997), fiction (27′), 35mm, NB
Rage (2000-2001), fiction (90′), 35mm, couleur, prix Oumarou Ganda Fespaco 2001
Funeral (2002), fiction (CM), 35mm, couleur
Nuit africaine (2003), pilote de série, vidéo, couleur
Aïcha (2004) Mention spéciale Court Métrage à Amiens 2004
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