Seize missionnaires chrétiens évangéliques, accusés de prosélytisme religieux, ont été expulsés du Maroc hier, dans l’après-midi. Ils faisaient partie du « Village of Hope » (VoH), un orphelinat situé dans la commune d’Aïn Leuh au Maroc, qui accueillait principalement des enfants abandonnés. Ils réfutent l’argument de la lutte contre le prosélytisme invoquée par les autorités marocaines.
Ils ne s’y attendaient pas. Des résidents et dirigeants d’un orphelinat chrétien, le « Village of Hope », situé dans la commune de Aïn Leuh au Maroc, ont été expulsés par les autorités hier après midi. Accusées de prosélytisme chrétien, les personnes mises en cause « mettaient à profit l’indigence de quelques familles et ciblaient leurs enfants mineurs qu’ils prenaient en charge, en violation des procédures en vigueur en matière de kafala (adoption) des enfants abandonnés ou orphelins » selon le gouvernement marocain. L’orphelinat accueillait principalement des enfants abandonnés nés de relations hors mariage.
Chris Broadbent, le directeur des ressources humaines de VoH présent au moment des faits explique dans un communiqué que les interrogatoires, qui ont concerné les enfants et le personnel ont débuté samedi 6 mars. « A aucun moment une explication ne nous a été donnée. (…) Les recherches ont été menées sans mandat ». Les forces de police ont « simplement dit qu’elles opéraient sous l’autorité du procureur national » a-t-il déclaré. Dans la nuit de dimanche ; les passeports des ressortissants étrangers ont été confisqués. Les 16 personnes sont actuellement injoignables.
Et « pour les enfants, on n’a pas trop d’informations », a expliqué à Afrik.com Michael Païta, responsable de projet de l’association La Gerbe (organisation chrétienne partenaire du projet VoH). « On ne sait pas ce qui va se passer. Vraisemblablement, les enfants sont encore sur le site, avec une des cinq familles d’accueil, la seule qui était marocaine, les autres étant des familles expatriées). « On est cependant en difficulté pour avoir des informations sur ce qui se passe », a-t-il confié.
Les ONG religieuses s’inquiètent
Selon Philippe Fournier, président de l’association la Gerbe, le gouvernement cherche à « détecter les extrémistes, ce qui ne concerne pas VoH ». De plus, ajoute-t-il, l’organisation « était très bien implantée localement et avait de bonnes relations avec les autorités locales et les villages avoisinants ».
Cette décision a été une véritable surprise pour beaucoup d’ONG chrétiennes. « En s’informant, après coup, on a appris que des actions similaires avaient déjà été menées », explique Michael Païta. Mais « localement, rien de laissait présager cela, les relations avec les forces locales étant très bonnes ce qui fait penser que c’est plus une décision politique ». Cette expulsion s’inscrit, selon le gouvernement marocain, dans le cadre de la « lutte menée contre les tentatives de propagation du crédo évangéliste, visant à ébranler la foi des musulmans ». Le 5 février, le gouvernement marocain avaient annoncé l’expulsion d’un missionnaire américain pour « flagrant délit de prosélytisme chrétien ». En décembre 2009, deux Sud-africains, deux Suisses et un Guatémaltèque avaient été expulsés pour les mêmes motifs.
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