La récente expulsion du Pasteur Johnson, ancien président de l’église protestante d’Algérie, serait liée à la sécurité de l’Etat, a déclaré samedi au Forum de l’ENTV le ministre des Affaires religieuses Bouabdellah Ghlamallah.
« C’est le ministère de l’Intérieur qui a décidé de l’expulser et cette expulsion est liée à la sécurité de l’Etat », a répondu le ministre. Sur le phénomène d’évangélisation qui touche la Kabylie et certaines régions du pays, M. Ghlamallah a dit : « l’exercice des cultes doit se faire d’une façon légale, dans le cadre de la loi. Nous avons fermé des lieux de cultes chrétiens et musulmans parce qu’ils sont hors la loi. Ces lieux ne répondent pas aux normes sanitaires et de sécurité.
Le ministre a minimisé l’étendue du phénomène de l’évangélisation en Kabylie et a évité la polémique : « L’Islam n’est pas en danger en Kabylie. Mais dans cette région, les évangélisateurs activent publiquement alors que dans d’autres régions du pays, ils le font en cachette. M. Ghlamallah a révélé que les tentatives d’évangélisation des populations sont menées en majorité par des Algériens : « au début, les évangélisateurs étaient Américains, Suisses, Français. Maintenant, ils sont Algériens. En clair, les évangélisateurs étrangers ont réussi à former des prédicateurs en Algérie ».
L’islam est loin d’être menacé
Le ministre n’a pas abordé les raisons des reconversions de l’Islam au Christianisme. Il n’a pas donné des chiffres sur le nombre de chrétiens et des lieux de cultes chrétiens fermés récemment à travers le pays, notamment en Kabylie. « On ne veut pas empêcher les gens de changer de religion. Mais nous disons aux reconvertis que l’Algérie est visée par les évangélisateurs. L’intérêt de la nation doit primer sur tout. L’essentiel, c’est de préserver notre patrie », a soutenu le ministre.
Autrement dit, les évangélisateurs étrangers ne représentent pas une menace pour l’Islam, mais constituent un danger pour la cohésion nationale et la nation. Sans le dire directement, le ministre se méfie des évangélisateurs et de leurs objectifs réels. Cela explique les relations tendues entre les autorités et les représentants de l’église protestante en Algérie. « L’Etat garantit la liberté de culte, mais les gens qui changent de religion doivent savoir pourquoi ils le font », a soutenu le ministre.
Le ministre n’a pas avancé de solutions pour faire face aux salafistes qui auraient perturbé les prières dans certaines mosquées du pays. Il a reconnu l’existence d’un déficit en matière d’imams en Kabylie.
Par Hamid Guemache pour Le Quotidien d’Oran
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