Des sanctions américaines visent le chef d’état-major de l’armée érythréenne, le général Filipos Woldeyohannes, considéré comme responsable des exactions des forces érythréennes au Tigré.
Ce lundi, les États-Unis ont décidé de prendre des sanctions à l’encontre du général Filipos Woldeyohannes, chef d’état-major de l’armée érythréenne, en représailles contre les exactions contre les populations civiles dont se sont rendues coupables ses forces pendant leur présence au Tigré. Dans un communiqué publié par le Trésor américain, il est écrit que le général Filipos Woldeyohannes, « chef d’état-major des forces armées érythréennes », est visé pour son rôle de « dirigeant d’une entité engagée dans de graves violations des droits humains commises durant le conflit actuel au Tigré ».
L’armée érythréenne, poursuit le communiqué, « est responsable de massacres, de pillages et d’agressions sexuelles. Les soldats ont violé, torturé et exécuté des civils ». En conséquence, tous les biens appartenant au général aux États-Unis « sont bloqués » et interdiction est faite aux citoyens américains de faire des affaires avec lui.
Par ailleurs, le gouvernement américain, à travers son secrétaire d’État, Anthony Blinken, exhorte, dans un communiqué séparé, « l’Érythrée à retirer immédiatement et de manière permanente ses forces d’Éthiopie, et [presse] toutes les parties au conflit de commencer des négociations en vue d’un cessez-le-feu et de mettre fin aux violations des droits humains ».
Ces sanctions américaines ne sont pas les premières depuis le déclenchement du conflit. En mai dernier, des restrictions de voyages avaient été imposées contre des membres du gouvernement et des éléments de l’armée érythréenne pour le même problème du Tigré. Le communiqué de ce lundi prévient, en outre, que « le département du Trésor continuera d’agir contre les personnes impliquées dans de graves violations des droits humains à travers le monde, y compris dans la région éthiopienne du Tigré, où de tels actes exacerbent le conflit et la crise humanitaire en cours ».
Il faut, néanmoins, préciser que les sanctions prises ce jour interviennent à un moment où un redéploiement des troupes érythréennes s’observe à nouveau dans certaines régions du Tigré. Selon un document de l’Union Européenne, en date du 20 août, et consulté par l’AFP, les forces érythréennes sont « présentes dans l’Ouest du Tigré, où (elles) ont pris des positions défensives avec des chars et de l’artillerie autour d’Adi Goshu et Humera, et possiblement le long de la frontière avec le Soudan ».
L’Érythrée réagit et proteste
Du côté d’Asmara, la réaction a été prompte et vigoureuse. « Le gouvernement érythréen rejette, à la fois dans la lettre et dans l’esprit, les allégations totalement sans fondement et le chantage exprimé à son encontre », a argué un communiqué portant la signature du ministère érythréen des Affaires étrangères. Pour les autorités érythréennes, il s’agit ni plus ni moins d’accusations « inacceptables » de la part des États-Unis qui, selon elles, ne sont pas à leur coup d’essai dans ce genre de manœuvres : « Ce n’est pas la première fois que l’administration américaine mène de telles campagnes diffamatoires sans fondement contre l’Érythrée », ajoute le communiqué.
« Face à des accusations répétées et injustifiées, l’Érythrée ne peut rester silencieuse. En ces circonstances, l’Érythrée appelle l’administration américaine à présenter l’affaire à une juridiction indépendante si elle a des éléments pour prouver ses fausses allégations », poursuit le communiqué.
Cela fera dix mois, dans quelques jours, que la guerre au Tigré a été ouverte, sous les auspices du prix Nobel de la paix, Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed. Après des victoires fulgurantes enregistrées au début du conflit par l’armée fédérale, les troupes du TPLF ont réussi à renverser le cours des événements, à partir du mois de juin, en reprenant leur capitale, et en reconquérant une bonne partie de leur région. Mais, la guerre est loin d’être terminée.
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