L’ancienne directrice des programmes d’Africa N°1 à Libreville est, depuis le 2 août dernier, la nouvelle coordinatrice de l’antenne de la radio à Paris. Eugénie Diecky, qui animait par ailleurs une des émissions phares de la grille au Gabon, n’abandonne pas ses premières amours. Elle débute, lundi, une nouvelle tranche quotidienne : « Les matins d’Eugénie ». Elle revient pour Afrik sur les raisons de sa venue en France et sur sa vision d’une radio qu’elle ne considère pas comme communautaire.
Eugénie Diecky occupe depuis le 2 août dernier le poste de responsable d’antenne au sein d’Africa N°1 à Paris. Directrice des programmes à Libreville, elle remplace Robert Minangoy qui est retourné à la France Télévision. Après trois mois de silence depuis son départ du Gabon, Madame Diecky explique que son arrivée dans l’Hexagone reste initialement liée à des raisons extraprofessionnelles. Malgré ses nouvelles fonctions en France, l’ancienne animatrice de l’émission vedette « Africa vie » n’a pas abandonné le micro puisqu’elle inaugurera, lundi, « Les matins d’Eugénie ».
Afrik : Vous étiez directrice des programmes d’Africa N°1 à Libreville. Pourquoi avez-vous décidé de tout quitter pour venir à Paris ?
Eugénie Diecky : L’envie de faire mieux, d’être plus professionnelle. L’envie de m’ouvrir non seulement aux Africains en Afrique mais également à ceux de la diaspora. C’est un nouveau challenge pour moi.
Afrik : Il y a eu des turbulences au sein d’Africa N°1 au Gabon. Votre départ n’a-t-il pas été précipité ?
Eugénie Diecky : Je n’ai pas été évincée de la radio. Au contraire. En fait, mon fils était malade, j’ai demandé à ma hiérarchie de venir en France pour ses soins.
Afrik : Quelle était l’origine des troubles au sein de la radio ?
Eugénie Diecky : J’étais déjà à Paris quand le conflit a démarré à Libreville. Je ne peux malheureusement pas apporter de précision sur le mouvement de contestation.
Afrik : Vous remplacez Robert Minangoy qui n’est pas resté très longtemps à la tête des programmes. A-t-il été remercié pour vous laisser la place ?
Eugénie Diecky : Non. C’est un simple concours de circonstance, tout comme ma venue à Paris. Robert Minangoy avait été mis à la disposition d’Africa N°1 par France Télévision, qui l’a rappelé. Il reste un journaliste de qualité, une personne très humaine, qui connaît bien l’Afrique et qui s’est beaucoup investi pour Africa N°1.
Afrik : Africa N°1 est une structure ancienne. N’est-il pas difficile, quand on a un poste à responsabilité, de faire bouger les choses ?
Eugénie Diecky : C’est vrai que c’est difficile mais on fait avec. Africa N°1 est une grosse structure qui emploie plus de 200 personnes au Gabon et à travers l’Afrique. Il y a aussi une antenne à Paris. C’est effectivement un peu lourd à gérer. Mais la radio se doit d’offrir tous les jours un bon produit aux auditeurs et cela les dirigeants de la radio en sont conscients.
Afrik : Quelles sont vos ambitions à Africa N°1 à Paris ?
Eugénie Diecky : Mon ambition est de poursuivre l’aventure d’Africa N°1. Paris est le meilleur endroit pour faire connaître l’Afrique. C’est la plaque tournante de l’actualité culturelle, politique et sociale du continent. J’aimerai que la radio contribue à donner une autre image de l’Afrique. Africa N°1 est un outil qui a accompagné des générations d’Africains du continent et de la diaspora, pour qui elle constitue un lien très fort avec l’Afrique. Si n’y avait pas eu cette voix, ce tam-tam du continent, je me demande comment nos démocraties auraient véritablement pris racine. Elle a informé, diverti et fait rêvé des millions d’Africains. L’Afrique s’est faite entendre par la voie d’un outil qui est né en plein cœur de l’Afrique. Et il faut que cela continue.
Afrik : Quel est, selon vous, le rôle d’Africa N°1 et des médias communautaires en général ?
Eugénie Diecky : Africa N°1 n’est pas une radio communautaire. C’est une radio généraliste africaine d’information. Notre rôle est de faire en sorte qu’il y ait une autre image de l’Afrique. Je pense qu’il faut pouvoir ouvrir les yeux des Africains pour leur dire : « Regardez le chemin qu’on a parcouru ». Si on doit redorer le blason de l’âme noire, c’est à nous de commencer à le faire. Je ne veux pas être donneuse de leçon, mais il faudrait que les gens de nos médias se voient d’avantage pour discuter et proposer des choses à faire. Comme dans tous les domaines, chacun travaille un peu dans son coin. On ne se rencontre pas. Quand il y a une actualité qui nous concerne, on ne reproduit que ce que les médias occidentaux écrivent. Il n’y a pas d’analyse africaine de la situation.
Afrik : Vous animiez « Africa vie » au Gabon, une des émissions star d’Africa N°1. Vos nouvelles fonctions à Paris signifient-elle que vous n’avez plus d’émission ?
Eugénie Diecky : Je vais animer une nouvelle émission qui s’appelle « Les matins d’Eugénie » et qui débute ce lundi (émission programmée de 10h30 à 13 h du lundi au vendredi, heure de Paris, ndlr). Ce sera un peu comme « Africa vie ». Elle donnera aux Africains l’occasion de s’exprimer sur leurs problèmes quotidiens. Et il y aura des spécialistes attentifs pour répondre à leurs préoccupations.
Afrik : Vous avez un tout nouvel environnement de travail dans un nouveau pays. Le Gabon ne va-t-il pas vous manquer ?
Eugénie Diecky : Le pays me manque. J’appréhende le froid parce que je suis un peu frileuse, (sourire) mais je m’y ferais. C’est bizarre, mais c’est quand on est hors de son pays qu’on se rend compte que à quel point il peut être beau. De toutes les façons, je n’ai pas abandonné le Gabon et l’Afrique. J’ai apporté mon pays avec moi. J’ai amené ma mentalité, ma culture, mes habitudes de vie : c’est l’Afrique que j’ai ramenée avec moi. Et puis quand on travaille sur Africa N°1, il n’y a plus de distance entre l’Afrique et le reste du monde.
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« Les matins d’Eugénie », du lundi au vendredi de 10h30 à 13h, heure de Paris, 107.5 FM