Les Guignols d’Abidjan sont la plus célèbre troupe de théâtre d’Afrique francophone. En phase avec l’évolution de la société africaine, les Guignols mettent en scène et en images les péripéties des Africains dans leur vie quotidienne. Nastou et Gohou, membres de la troupe depuis le début, expliquent qu’ils sont plus regardés à l’étranger qu’en Côte d’Ivoire.
Dépassant largement les frontières de la Côte d’Ivoire, les sketchs des Guignols d’Abidjan ont une renommée internationale. La troupe est connue tant en Afrique francophone qu’en Europe (Allemagne, Angleterre, France…) grâce notamment à la communauté africaine présente dans ces pays. Les acteurs des Guignols ont su toucher un large public qui se sent concerné par les sujets abordés tels que l’adultère, l’émancipation de la femme ou l’évolution de la société. Gohou et Nastou nous donnent leurs points de vue sur le rôle des Guignols.
Afrik : Quel a été votre parcours professionnel avant d’arriver aux Guignols ?
Nastou : J’ai fais parti d’une troupe s’appelant » Comment ça va ? » Mais ma formation de base est le stylisme modélisme. Je créais des costumes de cinéma. Ma carrière de comédienne s’est faite en freelance à la fin des années 1980.
Gohou : J’ai commencé ma carrière en 1985 dans différentes troupes de théâtre. Je suis un artiste varié car je touche un peu à tout. Je fais de la chanson, de la danse et je suis également parolier.
Afrik : Peut-on faire un parallèle entre les Guignols d’Abidjan et les Guignols français ?
Nastou : Non, il n’y a pas de lien. Nous traitons les sujets universels de la vie de tous les jours comme l’amour, les problèmes de couple tandis que les Guignols français abordent uniquement des sujets d’actualité.
Afrik : Avez-vous abordé la crise ivoirienne dans vos spectacles ?
Nastou : Le point de vue du groupe est assez vague pour le moment. En fait, nous n’avons pas eu de tournages depuis les évènements de septembre car une semaine avant le début de la rébellion, nous avons perdu un membre de la troupe. Chacun à sa manière de voir la crise. Comme on écrit les textes à plusieurs, ma manière de penser les choses ne sera peut être pas celle de la majorité dont on gardera l’idée. On abordera peut être ce problème dans un de nos spectacles si le groupe en ressent le besoin.
Afrik : Quel est l’impact des Guignols sur la société ivoirienne ?
Nastou : Il n’y a pas trop d’impacts. En fait, les Guignols sont plus regardés à l’étranger, surtout par les Africains expatriés qui sont souvent coupés des réalités du continent. Notre série ne passe pas à la télévision nationale ivoirienne, c’est ce qui explique sa faible influence. Notre cheval de bataille est plutôt la cassette vidéo.
Afrik : Pourquoi la télévision ivoirienne ne retransmet-elle pas vos films ?
Nastou : Tous les films qui passent à la RTI (Radio Télévision Ivoirienne, ndlr) sont produits par celle-ci. Travaillant dans le privé, notre producteur a pris la décision de faire ses propres films qu’il revend ensuite à la télévision. La RTI ne les achète pas car elle en produit déjà des similaires. Mais dans d’autres pays comme le Mali par exemple, nos programmes sont diffusés à la télévision nationale.
Afrik : Comment réagissent les Africains expatriés quant aux sujets abordés ?
Nastou : Nous recevons beaucoup de compliments de l’étranger par rapport à la pertinence de nos scènes. Leur vision de la société africaine s’en trouve changée car ils voient son évolution à travers nos sketchs.