Ethiopie : violences meurtrières après l’assassinat d’un célèbre chanteur oromo


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Violences Ethiopie ok

La capitale éthiopienne et la région d’Oromia ont été, ce mardi, le théâtre de violents affrontements entre la police et des manifestants oromo chauffés à blanc par l’assassinat du chanteur et militant, Hachalu Hundessa, lui-même ressortissant de ce groupe majoritaire de la population éthiopienne. Trois personnes ont péri au cours de ces affrontements.

Les habitants d’Addis-Abeba ont assisté, ce jour, à des scènes de violence mettant aux prises des Oromo venus de la région d’Oromia avec les forces de l’ordre. Ces violences, qui n’ont pas épargné la région d’Oromia elle-même, ont occasionné trois morts dans la ville d’Adama, à en croire le docteur Desalegn Fekadu, chirurgien dans un hôpital de la ville qui s’est confié à l’AFP : « Il y a beaucoup de victimes, la plupart par balles. Trois patients sont morts et il y en a encore dans un état critique ». Et des blessés : « Il y a aussi plus de 10 patients avec des brûlures. Ils ont raconté que leurs maisons avaient été incendiées », conclut-il.  L’ampleur des manifestations a amené les autorités à couper Internet à Addis-Abeba ainsi que dans d’autres régions du pays.

A la base de ces mécontentements, l’assassinat, hier nuit, de Hachalu Hundessa, un célèbre chanteur et défenseur du groupe oromo auquel il appartient. Si à l’heure actuelle, le mobile du crime est encore inconnu, des “suspects” ont tout de même été arrêtés, selon le chef de la police d’Addis Abeba, Getu Argaw. Le Premier ministre, Abiy Ahmed, lui-même oromo -mais contesté par les nationalistes de ce groupe qui lui reprochent de ne pas assez défendre les intérêts de sa communauté-, et d’ailleurs le premier Oromo à occuper ce poste, a déploré la perte de « cette vie précieuse », et ordonné l’ouverture d’une enquête rapidement. Ses propos sont repris en écho par Adanech Abebe, procureure générale qui a promis que « personne n’échapperait à la justice ».

Ces événements viennent raviver les dissensions qui ont, depuis des lustres, opposé les différents groupes sociolinguistiques de l’Ethiopie, particulièrement les Amhara et les Oromo. Ces derniers, bien que plus nombreux, se sont toujours sentis marginalisés comme le disait Hachalu Hundessa, dans l’une de ses chansons : « Nous les Oromo, nous avons fait tout ce que nous pouvions, nous avons fait de notre mieux, nous ne pouvons pas faire plus. Nous avons servi les petites gens et les grands pour pouvoir vivre ensemble, mais nous ne pouvons plus tolérer cela ».

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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