Que se passe-t-il dans la ville de Dessie en Éthiopie ? La cité est-elle tombée aux mains du TPLF comme il l’a annoncé ce samedi ou bien est-elle toujours contrôlée par le gouvernement fédéral comme ce dernier le soutient ?
Dans l’interminable conflit entre le TPLF et les forces fédérales éthiopiennes, quelque chose se joue à Dessie, ville stratégique de la région Amhara, à 400 km au Nord d’Addis-Abeba. Ce samedi 30 octobre, un porte-parole du TPLF a annoncé la prise de cette ville par les Tigréens. La ville de «Dessie est sous le contrôle total de nos forces» a posté sur Twitter Dr Kindeya Gebrehiwot, un porte-parole du TPLF.Peu de temps après, Addis-Abeba apporte un démenti formel à cette affirmation. Ce démenti provient du service de communication du gouvernement éthiopien qui a réagi sur Facebook : «Dessie et ses environs sont toujours sous nos forces de sécurité».
On sait que depuis plusieurs jours, les affrontements ont repris entre les rebelles et les forces fédérales dans la région Amhara dont dépend la ville de Dessie. Selon des témoignages des habitants de cette ville rapportés par l’AFP, les forces fédérales ont battu en retraite dans la nuit du vendredi au samedi, après d’intenses combats avec les troupes du TPLF. «Vers 2 heures du matin, les soldats éthiopiens ont commencé à quitter leurs positions dans la zone», a confié l’un de ces habitants. Son témoignage est confirmé par un autre habitant qui a indiqué que les rebelles «sont entrés alors qu’il ne restait aucun soldat éthiopien» dans la ville. «Je ne sais pas si les soldats sont partis ou s’ils ont été capturés», a ajouté cet habitant.
Il sied de rappeler que le 20 octobre, le TPLF avait indiqué que la ville de Dessie était à portée d’artillerie, ce qui avait poussé le président de la région Amhara, Yilkal Kefale, à demander une mobilisation des miliciens pour la défense de cette ville hautement stratégique.
Si les forces fédérales se sont effectivement retirées de la ville de Dessie devant les troupes du TPLF, alors, l’histoire aura bégayé : le scénario de juin dernier, caractérisé par le repli des forces d’Addis-Abeba, qui a permis la reprise par le TPLF de Mekele et de presque tout le Tigré préalablement occupés par l’armée éthiopienne se serait alors répété, mais cette fois-ci dans une autre région.
La prise de cette ville qui reçoit, depuis des mois, des milliers de personnes déplacées à cause du conflit, serait un véritable camouflet pour Addis-Abeba, ce qui aurait ainsi confirmé la puissance de feu des troupes tigréennes face à l’armée fédérale. Mieux, ce serait un grand pas vers la marche du TPLF sur la capitale, Addis-Abeba. La Maison-Blanche n’a pas tardé à réagir face aux informations en provenance de l’Éthiopie. En effet, le département d’État américain a exhorté le TPLF «à se retirer des régions de l’Amhara et de l’Afar, et à stopper ses avancées autour des villes de Dessie et de Kombolcha – villes distantes d’une dizaine de kilomètres, l’une de l’autre – ndlr ».