Dans son rapport, publié le 18 juin, Human Rights Watch accuse l’Etat éthiopien de spolier les tribus de l’Omo. Selon l’ONG, plusieurs milliers de personnes ont été délogés manu-militari de la vallée pourtant classée au patrimoine mondiale de l’humanité de l’Unesco. Cela en raison du projet du gouvernement d’Addis-Abeba de développer la culture de la canne à sucre sur 254 000 hectares. Un projet qui justifierait la construction du plus grand barrage d’Afrique, baptisé Gibe III.
Le rapport de soixante-treize pages de Human Rights Watch, intitulé « What Will Happen if Hunger Comes » (Que se passera-t-il si la faim survient ?), est accablant. Selon l’ONG américaine, les tribus de l’Omo seraient menacées par le projet du gouvernement éthiopien de développement de la canne à sucre sur 254 000 hectares. Et plusieurs milliers de personnes ont d’ores et déjà été délogés manu-militari de cette vallée classée au patrimoine mondiale de l’humanité de l’Unesco.
La construction du plus haut barrage d’Afrique, baptisé Gibe III, financée à hauteur de 1,5 milliard d’euros par la compagnie nationale de production d’électricité EEPCO et la banque chinoise ICB, validerait les craintes d’Human Rights Watch. Ce barrage devrait permettre l’irrigation des plantations de canne à sucre ainsi que la production de l’électricité.
Vives inquiétudes
Les tribus de l’Omo s’interrogent sur leur sort. Les inquiétudes se concentrent sur leurs nouvelles conditions de vie. « Qu’est-ce que je vais manger ? », se demande un berger de la tribu Mursi. « Ils me disent de vendre tout mon bétail et de n’en garder qu’un seul que j’attache à ma maison. Mais qu’est-ce que je vais faire avec une seule bête ? », ajoute-t-il.
Ces questions méritent d’être posées. En effet, les organisations de défense des droits de l’Homme et de l’environnement pensent que le barrage va mettre en péril les modes de vie traditionnels des populations et assécher une partie du Lac Turkana, situé dans le Kenya, pays limitrophe de l’Éthiopie.
Addis-Abeba se justifie
Human Rights Watch dénonce, pour sa part, la violation des droits des tribus de l’Omo. « Leurs droits ne sont tout simplement pas respectés », souligne Ben Rawlence, reponsable de l’ONG américaine pour l’Afrique et auteur du rapport. Selon France 24, « il fait état d’arrestations arbitraires, de passage à tabac et de vols de bétail par les forces gouvernementales. »
A en croire les autorités éthiopiennes, il n’y aurait aucune alternative car il en va du développement du pays en matière d’énergie or l’Ethiopie connait depuis dix ans un des taux de croissance les plus élevés d’Afrique.
Human Rights Watch croit savoir qu’un demi-million de personnes pourrait être affecté le long de la frontière entre l’Ethiopie et le Kenya. Les tribus de l’Omo seront, peut-être, fixées sur leur sort à la fin de la construction du barrage Gibe III prévue pour 2013.
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