Les Ethiopiens se sont effectivement rendus aux urnes, ce lundi, pour les élections législatives régionales et nationales. Si à Addis-Abeba, l’affluence était au rendez-vous, et tout s’est passé sans difficultés majeures, tout n’a pas été linéaire dans les autres régions.
Convoqués aux urnes après deux reports des élections, les Ethiopiens n’ont pas manqué le rendez-vous de ce lundi. Cependant, la participation au scrutin s’est faite de façon inégale sur l’étendue du territoire éthiopien. A Addis-Abeba, capitale fédérale, comme à Bahir Dar, capitale de la région Amhara, c’était la grande affluence ; les électeurs étaient sortis nombreux pour s’acquitter de leur devoir civique. L’engouement populaire associé à quelques problèmes logistiques a amené la Commission électorale à prolonger de trois heures, l’heure de fermeture des bureaux de vote, l’avançant de 18 heures heure locale (15 heures GMT) à 21 heures heure locale.
Si dans l’ensemble, tout s’est presque bien passé à Addis-Abeba, tel n’a pas été le cas dans d’autres régions où les partis d’opposition se sont plaints d’actes d’intimidation et d’agression. De même, ils ont déploré avoir été empêchés d’accéder aux bureaux de vote. Toutes choses ayant conduit un parti de la région Sidama à se retirer du processus électoral, à la mi-journée, pour protester contre l’agression de plusieurs de ses membres.
Des progrès par rapport aux précédentes élections…
Ces irrégularités n’ont pas empêché la mission d’observation de l’Union Africaine, seule accréditée sur le terrain, et dirigée par l’ancien Président nigérian, Olusegun Obasanjo, de déclarer que le vote « a été bien meilleur que les élections passées en termes d’ouverture de l’espace politique, malgré quelques handicaps ».
Cette position de la mission d’observation de l’Union africaine est soutenue par une partie de la population éthiopienne qui a vu des urnes transparentes se substituer aux sacs de bâches qui en tenaient lieu lors des dernières élections. « Après les élections de 1997 qui n’ont pas été libres et équitables, la valeur des élections en Ethiopie s’est éteinte ; mais aujourd’hui, c’est à nouveau étonnant de voir autant de personnes voter », a fait observer Genetawi Takele, un électeur.
Même son de cloche chez Milyon Gebregziabher, un autre électeur, âgé de 45 ans, travaillant dans une agence de voyages à Addis Abeba : « Je vote parce que je veux voir mon pays se transformer. Cette élection est différente. On peut choisir entre différents partis politiques. Dans le passé, il n’y en avait qu’un ».
Même des responsables de l’opposition ont salué les progrès notés par rapport aux précédentes élections : « En termes d’indépendance des institutions, de processus, d’accès des médias, nous pouvons dire que c’est bien mieux que les précédentes élections », a laissé entendre Dessalegn Chanie, un des leaders du Mouvement national pour l’Amhara (Nama), un parti d’opposition populaire dans cette région.
… mais entachés par quelques points d’ombre
Véritable test de popularité pour le Premier ministre éthiopien, ces élections laissent tout de même un goût d’inachevé, puisque 102 des 547 circonscriptions n’ont pas pu voter aujourd’hui, en raison de la situation de guerre au Tigré, et des affrontements communautaires qui font rage dans d’autres régions du pays. 64 parmi ces circonscriptions sont appelées aux urnes le 6 septembre, alors que les 38 se trouvant au Tigré sont exclues du processus jusqu’à nouvel ordre. En plus de cela, certains partis d’opposition comme le Front de libération oromo (OLF) et le Congrès fédéraliste oromo (OFC) ont choisi de boycotter le scrutin, en raison de l’incarcération de certains de leurs responsables par le gouvernement fédéral.