Les sénateurs éthiopiens ont voté la rupture des contacts entre les autorités fédérales et les leaders tigréens du Front de libération des peuples du Tigré (TPLF, en anglais). Un nouveau pas est ainsi franchi dans le bras de fer qui oppose, depuis quelques semaines, les dirigeants de la région du Tigré et le pouvoir fédéral.
La tension, déjà forte depuis quelques semaines entre les responsables du TPLF et le gouvernement fédéral éthiopien, monte d’un cran avec le vote, ce mardi 6 octobre, par les sénateurs, pour une rupture des contacts avec les responsables de la région du Tigré.
Tout a commencé avec la décision, en mars dernier, de la Commission électorale de reporter sine die les élections nationales normalement prévues en août, en raison de la crise sanitaire due au Coronavirus. Cette décision a été entérinée par le Parlement fédéral qui vota pour l’extension du mandat des députés. Ce qui entraîna logiquement la prorogation du mandat du Premier ministre, Abiy Ahmed. Cette prorogation des mandats n’a pas été du goût des partis d’opposition à savoir : le TPFL, le Front de libération nationale de l’Ogaden et les partis nationalistes oromo, autrefois alliés du Premier ministre lui-même issu de cette ethnie.
Mais ce sont les Tigréens qui ont poussé le plus loin possible les contestations en allant même jusqu’à organiser les élections régionales, le 9 septembre passé, en dépit de l’interdiction du gouvernement fédéral. Pour les Tigréens, le Premier ministre, Abiy Ahmed, dont le mandat est arrivé a échéance le lundi 5 octobre, n’est plus légitime, et il faut mettre en place un gouvernement de transition associant les principales forces politiques du pays. Il n’y a « plus de gouvernement fédéral, c’est-à-dire plus de Chambre des représentants, de Chambre de la fédération, de Premier ministre, de cabinet. Ils n’existent plus », a laissé entendre, le weekend dernier, Getachew Reda, membre du comité exécutif du TPLF.
Le vote fait ce mardi par les sénateurs vient juste apporter une réponse fédérale à une position déjà prise par les leaders du Tigré, qui ont acté la rupture entre Mekele (capitale de la région) et Addis-Abeba, en osant organiser les élections en dépit de l’interdiction émise par le gouvernement fédéral, et en déclarant par ailleurs que les futures décisions de ce dernier « ne seraient pas appliquées » dans leur région. Un nouveau pas est tout de même franchi dans cette crise politique qui secoue le pays.
Cependant, pour l’instant, le gouvernement fédéral n’envisage pas d’intervention militaire ni de coupes budgétaires dans la région du Tigré qui concentre pas moins de 6% de la population éthiopienne qui compte environ 110 millions d’âmes.