Pour la première fois depuis le début de l’offensive lancée sur le Tigré, le 4 novembre dernier, un convoi d’aide internationale est arrivé dans la capitale, Mekele, samedi. Les médicaments et le matériel acheminés étaient attendus avec impatience dans la région, où 600 000 personnes dépendaient déjà de l’aide humanitaire, avant que celle-ci soit coupée du monde.
« Cela fait bientôt six semaines que la crise du Tigré a commencé. La crise qui a créé de nombreux déplacés au sein de la région du Tigré, mais aussi en dehors. De nombreux services sociaux, les populations locales, qui devraient y avoir accès, sont malheureusement empêchés. Nous avons vraiment besoin d’augmenter l’aide, le soutien à ces populations vulnérables. Celles qui n’ont pas choisi de se battre, et qui ont toujours besoin de notre aide. À savoir, sur le front médical, les hôpitaux et les centres de soins qui sont gênés dans leur dispense de services parce qu’ils n’ont pas assez de matériel pour répondre aux besoins grandissants », explique Patrick Youssef, le directeur régional pour l’Afrique du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).
Le convoi devrait permettre aux équipes médicales locales de soigner plus de 400 blessés ainsi que d’assurer le traitement de maladies courantes et chroniques. Selon le CICR, le ministère éthiopien de la Santé a lui aussi distribué des médicaments et du matériel médical aux structures de santé de la capitale, ce samedi. Depuis le début du conflit, la communauté internationale réclamait un accès au Tigré.
Le 2 décembre, l’ONU s’était félicitée d’avoir obtenu du gouvernement éthiopien un accès humanitaire sans restriction au Tigré, mais n’a pas encore été en mesure de l’appliquer, Addis-Abeba insistant sur sa volonté d’être le chef d’orchestre de l’acheminement de l’aide humanitaire dans la région.
Le Haut-commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) a indiqué, vendredi soir, ne toujours pas avoir accès aux quatre camps de réfugiés érythréens au Tigré. Son chef, Filippo Grandi, a fait état « d’un grand nombre d’informations alarmantes » sur des réfugiés tués ou enlevés et renvoyés de force en Érythrée voisine.
« Si elles sont confirmées, ces actions constitueraient une violation majeure des droits de l’Homme », a-t-il prévenu, exhortant le gouvernement éthiopien à assurer sa responsabilité de protéger tous les réfugiés.