Éthiopie : dépassé par l’avancée du TPLF sur le terrain, Abiy Ahmed décrète la mobilisation générale


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Armée éthiopienne
Armée éthiopienne

L’armée éthiopienne est aux abois face aux troupes du TPLF qui ne cessent de gagner du terrain, dans la guerre qui les oppose depuis novembre 2020. Acculé, le Premier ministre en appelle au patriotisme de ses compatriotes qu’il invite à rejoindre massivement les rangs des forces gouvernementales.

La guerre au Tigré pourrait entrer dans une nouvelle phase dans les jours qui viennent. En tout cas, du côté du gouvernement, c’est le branle-bas de combat ; on fait feu de tout bois pour mobiliser des troupes. Ce mardi, dans un communiqué long de presque trois pages, le bureau du Premier ministre, Abiy Ahmed, a appelé « tous les Éthiopiens aptes et majeurs » à se faire enrôler. Espérant actionner la fibre patriotique, le communiqué poursuit : « C’est maintenant le moment pour tous les Éthiopiens aptes et majeurs de rejoindre les forces de défense, les forces spéciales et les milices et de montrer leur patriotisme ».

En réalité, ce communiqué vise à booster un mécanisme mis en œuvre depuis quelques jours. En effet, le recrutement massif des jeunes dans l’armée pour préparer la riposte face aux avancées du TPLF a commencé depuis plusieurs jours. À la fin du mois de juillet, 3 000 nouvelles recrues ont rejoint les rangs de l’armée. Les motifs d’intégration de l’armée varient d’un jeune à l’autre. « Le TPLF m’a terrorisé depuis ma naissance. Je m’engage pour en finir une bonne fois pour toutes avec ce cancer », laisse entendre Temesgen Hailu, 26 ans. Girma Takele, 18 ans, trouve, pour sa part, dans cet appel, l’opportunité « d’avoir enfin un travail ».

Selon les responsables de l’opposition de la région Oromia, le recrutement n’est pas véritablement volontaire puisque « la plupart [des nouvelles recrues] ont été ramassés de force dans la rue », à en croire un membre du Congrès fédéraliste oromo (OFC). Qu’ils soient volontaires ou forcés, ces recrutements traduisent les difficultés réelles rencontrées par les troupes fédérales sur le terrain. En plus des milliers de morts enregistrés dans leur rang, au moins 6 000 hommes ont été faits prisonniers, des matériels lourds ont été en partie détruits et en partie saisis par les rebelles.

Mais au fond, la débâcle des troupes fédérales ne constitue pas une surprise lorsqu’on sait qu’une bonne partie du matériel militaire de l’Éthiopie était conservée au Tigré en raison de la situation de guerre avec l’Érythrée. Mieux, stratégiquement, l’armée éthiopienne est entrée dans cette guerre émasculée, puisque presque tous les officiers originaires du Tigré, dont le nombre n’est pas négligeable dans ses effectifs, ont été mis aux arrêts à la veille du conflit.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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