Alors que les tractations étaient en cours pour la signature d’un accord devant consacrer la fin de la guerre du Tigré, l’armée érythréenne, elle, se rendait coupable, fin octobre 2022, de terribles massacres sur des civils tigréens. Dans leurs villages et dans leurs maisons.
L’information a été publiée, ce mercredi, par le Washington Post, qui s’est appuyé sur des témoignages de survivants proches des victimes, corroborés par des photos satellites. Dans le village de Mariam Shewito, situé entre les villes d’Adoua et d’Aksoum par exemple, l’armée érythréenne a massacré des membres de plusieurs familles, adultes comme enfants. Et dans plusieurs cas, des enfants vivants se sont retrouvés avec les cadavres de leurs parents exécutés. Dans ce seul village, les soldats érythréens ont tué au moins 140 personnes, en trois jours. Les tueries se sont étendues à d’autres villages. Ce qui porte à au moins 300 le nombre de personnes assassinées par les Érythréens, dans la région, avant leur retrait, le 1er novembre, veille de la signature de l’accord de paix de Pretoria.
Une longue série d’exactions
Ces nouvelles révélations viennent rallonger la liste des nombreuses accusations d’exactions pesant contre les troupes érythréennes depuis le début de la guerre au Tigré. C’est en février 2021, soit trois mois après le déclenchement des affrontements entre Addis-Abeba et Mekele que Amnesty International a publié un premier rapport accusant l’armée érythréenne de crimes de guerre au Tigré. Selon ce rapport, les troupes érythréennes auraient massacré, en novembre, des centaines de civils tigréens, des tueries possiblement constitutives d’un crime contre l’humanité.
« Les preuves sont accablantes et mènent à une conclusion effrayante. Les troupes éthiopiennes et érythréennes ont commis de multiples crimes de guerre dans leur offensive pour prendre le contrôle d’Aksoum », avait affirmé Deprose Muchena, directeur régional d’Amnesty International pour l’Est et le Sud de l’Afrique. Avant d’ajouter : « Plus encore, les troupes érythréennes se sont déchaînées et ont méthodiquement tué des centaines de civils de sang-froid, ce qui semble constituer des crimes contre l’humanité. Cette atrocité compte parmi les pires documentées, à ce jour, dans ce conflit ».
Après avoir longtemps nié une quelconque présence érythréenne au Tigré, Abiy Ahmed avait fini par l’admettre peu de temps après la publication de ce rapport d’Amnesty International. D’autres crimes commis par les troupes érythréennes ont été par la suite documentés.