Dépassé par l’avancée fulgurante du TPLF et de ses alliés vers la capitale éthiopienne, Addis-Abeba, le Premier ministre, Abiy Ahmed, veut retourner à ses premières amours : les terrains d’opérations militaires.
En Éthiopie, la guerre continue de faire rage entre les forces gouvernementales d’Addis-Abeba et le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) appuyé par l’Armée de libération oromo (OLA). Dans leur marche sur la capitale, ces derniers ont annoncé, dimanche 21 novembre, s’être emparés de la ville de Shewa Robit d’où ils auraient évolué vers le col de Debre Sina, ce qui les place à environ 190 kilomètres au nord de la capitale éthiopienne.
La mobilisation générale, lancée depuis plusieurs semaines, doublée de l’état d’urgence décrété, le 2 novembre dernier, par le gouvernement fédéral ne semble pas émousser l’ardeur des rebelles qui avancent résolument vers Addis-Abeba. Sentant son régime clairement menacé, le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, a annoncé, lundi vouloir descendre personnellement au front.
« À partir de demain (ce mardi, ndlr), je serai mobilisé sur le front pour mener les forces armées », a tweeté le chef de l’exécutif éthiopien. « Ceux qui veulent être parmi les enfants éthiopiens qui seront salués par l’histoire, levez-vous pour le pays aujourd’hui. Retrouvons-nous au front », a-t-il ajouté. Cette annonce du Premier ministre fait suite à une réunion tenue, lundi, par le comité exécutif du parti au pouvoir, le Parti de la prospérité, au sujet du conflit en cours.
Abiy Ahmed ne fait pas cette annonce ex nihilo. En effet, le Premier ministre éthiopien a un passé militaire qu’il sied de rappeler à l’occasion. Très jeune, le dirigeant éthiopien rejoint l’Organisation démocratique des peuples Oromo (OPDO) et participe à la lutte armée contre le régime du Derg dirigé par le négus rouge, Mengistu Haile Mariam. Après le renversement de ce dernier, Abiy Ahmed est enrôlé dans l’armée où il gravit les échelons jusqu’à atteindre le grade de lieutenant-colonel, avant de revenir à une vie civile.
Cependant, il est à espérer qu’en annonçant sa volonté de s’engager directement dans le combat, le Premier ministre éthiopien n’ait pas oublié que quand un responsable politique fût-il militaire va au front, l’expérience peut s’avérer douloureuse. L’exemple du maréchal du Tchad, Idriss Deby, un habitué des terrains d’opérations militaires, est encore bien frais dans les mémoires.
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