Éthiopie : à quand les effets de la trêve ?


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Abiy Ahmed, Premier ministre éthiopien
Le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed

En Éthiopie, gouvernement fédéral et rebelles ont exprimé, la semaine dernière, leur volonté de faire taire les armes pour permettre un accès humanitaire au Tigré. Mais, cinq jours après ces annonces, rien n’a bougé sur le terrain.

Les autorités fédérales éthiopiennes ont surpris le monde entier en proclamant une « trêve humanitaire illimitée » dans la guerre qui se déroule au Tigré. Motivés par cette nouvelle censée apporter un soulagement aux populations tigréennes qui pourront désormais bénéficier de l’aide humanitaire, les rebelles du TPLF ont répondu favorablement à la demande du gouvernement, en annonçant, le lendemain, un cessez-le-feu.

Pour les observateurs, ces derniers développements auguraient d’une fin prochaine du conflit qui déchire le pays depuis 17 mois. Mais dans les faits, cinq jours après l’annonce de la trêve, sur le terrain, rien ne bouge. Le Tigré n’a pas reçu un seul camion d’aide, alors qu’un total de 700 camions est nécessaire quotidiennement pour couvrir les besoins d’aide humanitaire de la région.

Autre constat, le retrait des troupes tigréennes des régions Amhara et Afar demandé par le gouvernement fédéral ne s’est pas traduit dans les faits. Au contraire, des accrochages se sont poursuivis, rapporte RFI. Le plus inquiétant, c’est le mouvement de militaires en direction du Tigré observé ces derniers jours. En effet, des bus transportant des soldats ont été identifiés sur la route menant au Tigré par le sud. Pendant ce temps, les populations du Tigré, toujours prises au piège, continuent de faire face au manque de nourriture, de médicaments et de soins.

De quoi s’interroger sur les intentions réelles des belligérants éthiopiens, tant le gouvernement fédéral que les rebelles tigréens qui, manifestement, ne se font pas confiance et continuent de se regarder en chien de faïence. La paix tant souhaitée en Éthiopie est-elle aussi proche qu’on le pensait ? Seul le temps nous en dira plus.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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