Les tensions s’intensifient aux Etats-Unis. Avec la polémique autour de la construction d’une mosquée près de Ground Zero et l’appel à brûler le Coran lancé par le pasteur Terry Jones, l’Amérique découvre les limites de la liberté de religion, garantie par sa Constitution. Dix ans près les attentats du World Trade Center, la confusion entre terrorisme et islam est plus que jamais présente.
Les dix ans des attentats du 11 septembre 2001 promettent d’être agités. Entre les opposants à la construction de la mosquée près de « Ground Zero » [[appellation courante du site des attentats]] et les partisans de Terry Jones, un pasteur américain décidé à brûler le Coran, les Etats Unis vacillent. Une agitation qui met le président américain dans une mauvaise passe. A l’initiative d’un plan d’installation, le centre culturel musulman – avec une mosquée – sur un terrain privé, Barack Obama est boudé par le peuple américain. Il a beau invoquer la liberté de culte garantie par la Constitution et être soutenu par le maire de New York et le Conseil municipal, rien n’y fait. Plus de la moitié (61%, ndlr) de la population désapprouve son projet. Pour eux, l’islam reste le seul responsable de ces attentats.
Ces amalgames entre le terrorisme et la religion représentent une aubaine pour l’opposition puritaine qui s’est engouffrée dans la brèche. Sous son impulsion, les manifestations se sont multipliées devant le « Ground Zero » donnant lieu à des débordements. Dimanche dernier, lors d’un rassemblement contre la construction de la mosquée, un Afro-Américain s’est fait insulter. Le jeune homme, pris par erreur pour un musulman, a été traité de « lâche ». Il a été emmené par les organisateurs sous les huées de la foule qui scandait : « Non à la Mosquée » et « Mohammed (nom du prophète) est un porc ! ».
A coups de pancartes, les partisans criaient leur haine envers cette religion. Ainsi pouvait-on lire lors de cette marche de protestation : « N’oubliez jamais le 11 septembre, et ne permettez pas à l’islam de marquer d’une mosquée sa victoire », ou encore : « Vous pourrez construire votre mosquée à « Ground Zero » lorsque nous pourrons construire une synagogue à La Mecque ». Les drapeaux américains et les haut-parleurs diffusant « Born in the USA » de Bruce Springsteen étaient aussi de la partie. Et, petit détail de bon goût, des écriteaux portant l’inscription « Sharia » (loi islamique) en lettres rouges dégoulinantes étaient distribués à la foule.
Journée internationale pour brûler le Coran
Des propos islamophobes repris en chœur par les adeptes de Terry Jones. Rattaché à l’église baptiste de Floride, Dove World Outreach Center, ce pasteur invite les Américains à brûler le 11 septembre prochain des exemplaires du Coran à Gainesville, à quelque 500 km au nord-ouest de Miami.
Il souhaite entraîner dans son sillon d’autres centres religieux pour se souvenir des victimes des attentats. « L’islam appartient au diable et ses milliards de croyants iront en enfer. C’est une religion basée sur le mensonge. C’est une religion violente, ceci a été prouvée», fulmine-t-il, dans une interview accordée à la chaîne américaine CNN. Plusieurs groupes Facebook se sont formés pour s’opposer à l’action du pasteur.
Cette escalade de la violence tend à devenir monnaie courante aux Etats-Unis. Une enquête du magazine américain Time, parue le 19 août, révèle que 46% des Américains interrogés estiment que l’islam, plus que toute autre religion, est susceptible d’encourager la violence envers ceux qui ne partagent pas cette foi. Un chiffre qui en dit long sur la société américaine actuelle.