Un Ethiopien a été condamné à dix ans de prison aux Etats-Unis pour avoir excisé sa fille de deux ans. Contrairement à la France, pourtant pionnière dans ce domaine en Europe, un texte juridique reconnaît, depuis 1997, la pratique comme un acte criminel.
Khalid Adem, un immigré éthiopien de 30 ans, est à l’origine d’une première judiciaire aux Etats-Unis en matière de mutilation génitale. Il a été condamné à une peine de 10 ans de prison pour avoir procédé, en 2001, avec une paire de ciseaux, à l’ablation du clitoris de sa fille, alors âgée de deux ans. Le verdict a été prononcé dans l’Etat de Géorgie, dans la ville de Lawrenceville. Selon Equality Now, une organisation américaine militant pour les droits de l’homme, c’est le premier cas de mutilation génitale officiellement enregistré aux Etats-Unis.
L’excision est un acte criminel
Depuis le 1er février 1997, un texte juridique adopté sur le plan fédéral reconnaît l’excision comme un acte criminel sur le territoire américain. Cependant les Etats de la Californie, du Tennessee, du Minnesota, de Rhode Island et du Dakota du Nord reconnaissent la mutilation génitale comme telle depuis 1995. En France, l’excision est considérée comme un acte criminel depuis 1984 suite à une affaire de maltraitance. Une mère française s’était alors, elle aussi, servie d’une paire de ciseaux pour couper les petites lèvres de sa petite fille dans un énième accès de sadisme. La démarche n’avait alors aucune connotation rituelle, comme c’est le cas dans l’affaire de Khalid Adem, ressortissant de l’un des pays africains où l’excision est une pratique traditionnelle. Elle a d’ailleurs été dénoncée dans un récent rapport de l’Organisation mondiale de la santé pour les dégâts qu’elle causait chez la femme sur le plan sanitaire, notamment au moment de l’accouchement.
En Europe, la France reste le pays le plus en avance en termes de sensibilisation et de législation dans ce domaine. Mais la plus grosse peine jamais encourue dans ce type d’affaires est de huit ans de prison fermes. Elle a été prononcée par la cour d’assises de Paris, en 1999, à l’encontre d’Hawa Gréou, une exciseuse malienne. « Contrairement aux Etats-Unis, nous n’avons pas de texte spécifique en la matière en France », explique Isabelle Gillette-Faye, directrice du Groupe pour l’abolition des mutilations sexuelles (GAMS).
« 50 000 manières de pratiquer une excision »
Cependant, la sociologue estime qu’avoir un texte n’est pas forcément un avantage. « Dans ce cas précis, l’acte de ce père ne laisse aucun doute sur ce qu’il souhaitait faire à sa fille, explique-t-elle. Mais, il y a 50 000 manières de pratiquer une excision. Dans une affaire dans laquelle nous sommes partie civile et qui date de décembre 2005, un expert nous a opposés que l’excision ne pouvait être ainsi qualifiée parce qu’il y avait eu ablation des petites lèvres et non du clitoris ». Le tribunal a demandé une contre-expertise dont les conclusions ne sont pas encore disponibles.