Tout vicieux et cruels qu’ils soient, nos dictateurs prennent de leur temps pour nous divertir d’une façon ou d’une autre. Mais ils devraient prendre garde. Un vent de changement souffle sur l’Afrique…
La facilité avec laquelle les comiques tyrans africains continuent de vivre dans leur tour d’ivoire, comme si tous les grands problèmes politiques et économiques de leur pays étaient des scènes d’Alice au pays des merveilles, est au-delà de l’entendement. C’est à la fois comique et inquiétant, comme cette première dame d’Afrique centrale qui est connue pour accueillir son public dans des chambres climatisées où la température est proche de zéro, au palais présidentiel, afin de pouvoir sortir ses manteaux de fourrure de Sibérie au cœur des tropiques … Malheur à celui qui oublie son manteau d’hiver! Inquiétant et comique l’épouse du Premier ministre éthiopien Meles Zenawi, Azeb Mesfin, qui, après avoir malheureusement déclaré combien il était impossible pour son mari, le Premier ministre, et elle-même de payer les frais scolaires de leurs enfants par manque d’argent a été remarquée pour des dépenses de plus de 1,2 millions d’euros dans des boutiques de haute couture en Europe! Mais avec un mari qui admire les défunts Idi Amin Dada et Jean Bedel Bokassa, de telles absurdités sont-elle injustifiées?
Et tandis que Meles Zenawi baigne dans la gloire honteuse d’un système de parti unique et ethnique, le roi du Swaziland, dans le confort de son manoir, dans un contexte de pauvreté et avec un peuple sinistré par le VIH, a décrété qu’aucune jeune fille qui atteint la puberté ne seraient autorisée à avoir des relations sexuelles pendant cinq ans afin de diminuer le risque de contamination. Et devant les étrangers crédules qui essayent de comprendre la sagesse de l’édit du roi, la population swazie éclate de rire en sachant que le roi ne cherche qu’à s’assurer que son approvisionnement habituel de jeunes filles vierges reste intacte.
Ces lois stupides
Ainsi, le Malawi est sur le point d’adopter une loi (projet de loi des tribunaux locaux de 2010) qui ferait que péter en public serait punissable … « Nous avons des problèmes graves qui touchent la population du Malawi aujourd’hui. Je ne sais pas comment l’encrassement de l’air peut avoir la priorité sur la réglementation des investissements chinois pour les législateurs, en particulier ceux du parti au pouvoir « , a dit un commentateur irrité. » Le projet de l’administration wa Mutharika Bingu a viserait donc à criminaliser un événement quotidien naturel de « flatulence » avec l’intention de « façonner des citoyens responsables et disciplinés ? », a demandé une autre personne fâchée. Si seulement les centaines de milliers de Malawites affamés, affligés par la faim et la famine pouvaient manger à leur aise, se rassembler devant le parlement où le projet de loi doit être adoptée et polluer l’air en signe de protestation contre ce projet de loi aberrant !
La liste des lois stupides en Afrique s’allonge de jour en jour: une interdiction du pantalon au Soudan ; une interdiction sur les relations exuelles sous l’eau au Swaziland ; une interdiction de la Noël sous le règne de l’ancien dirigeant de la Guinée équatoriale, Macias Nguema ; Une interdiction de la musique en Somalie en vertu des désirs d’al-Shabaab … Mais aussi drôle que ces lois puissent être, des lois encore plus bête des pays riches réussissent pour la plupart à les surpasser. Dans le fief de Bush qu’est le Texas, par exemple, il existe des lois qui stipulent que lorsque deux trains se rencontrent à un passage à niveau, chacun doit faire un arrêt complet, et aucun ne doit bouger tant que l’autre n’a pas disparu. L’Etat du Texas a également décrété qu’il est illégal de prendre plus de trois gorgées de bière à la fois en position debout. Tandis que l’Arabie saoudite a interdit aux femmes de conduire une voiture, déclaré que la pauvreté est contraire à la loi, et que les hommes gagnant moins d’une « somme raisonnable » peuvent être emprisonnés.
Ce «raisonnable droit au revenu », n’affectera pas, bien sûr, la haute et puissante famille de l’ex-dictateur tunisien Ben Ali qui a pillé la richesse de son pays avant de s’enfuir en Arabie saoudite. Moubarak, d’autre part, a promis de ne pas fuir et de trouver lui-même la voie de sortie. Une situation inconfortable qui fait grimacer les dirigeants autoritaires de l’Algérie au Yémen en passant par la Jordanie. Mais comme un virus tenace, Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire a continué d’ignorer les appels à transférer le pouvoir à Alassane Ouattarra, malgré le nombre record de pourparlers de médiation. Pourparlers de médiation qui, son nom a été évoqué au dernier sommet de l’UA, devaient désormais être contrôlés en partie par Robert Mugabe du Zimbabwe. Oui, le même Mugabe qu’imite Gbagbo. Le même Mugabe qui a utilisé sa rhétorique anti-impérialiste pour repousser les critiques de son record horrible d’abus des droits de l’homme. Les Africains ont besoin d’organiser une marche d’un milliard de citoyens à Addis-Abeba en face de l’immeuble de l’Union africaine pour protester contre de telles décisions choquantes, en laissant le vent porter la mauvaise odeur de leur pet collectif..
Un vent de changement souffle dans de nombreux pays et encourage une révolution populaire qui est de mauvais augure pour les tyrans. La chute de Saleh ainsi que la séparation du Yémen du Sud pourraient arriver prochainement. Mais surtout, on espère que l’ensemble des évènements va apprendre aux Africains à découvrir la puissance de leur voix. C’est une occasion de prendre notre destin en mains propres, plutôt que de laisser à ces dirigeants autocratiques le luxe de prendre le temps de piller leurs pays de promulguer des lois et des édits pathétique qui compromettent notre respect de soi en tant que personnes, nations et continent.
Par Hama Tuma