Et si Melilla et les villes méditerranéennes étaient d’origine amazighe et non phénicienne


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Cathédrale de Málaga
Cathédrale de Málaga

Le récent dévoilement de vestiges archéologiques à Málaga offre un éclairage nouveau sur l’histoire des cités méditerranéennes occidentales. Des découvertes antérieures à l’époque phénicienne questionnent la version traditionnelle sur la fondation de ces villes. Melilla, connue historiquement sous le nom de Rusadir, pourrait ainsi avoir une origine plus ancienne et authentiquement amazighe.

En ce début octobre, des fouilles archéologiques menées dans la cathédrale de Málaga ont mis au jour des objets datant de plus de 5 000 ans, repoussant l’origine de la ville à plus de mille ans avant l’arrivée des Phéniciens. Ces découvertes, annoncées par le Faro de Melilla, remettent en cause les croyances académiques traditionnelles sur les premières fondations urbaines de la région. Les objets retrouvés, notamment des pièces de céramique telles que des pots, des bols, des vases et des pièces de monnaie, témoignent d’une activité urbaine bien antérieure à l’arrivée des commerçants phéniciens.

Melilla et l’origine amazighe : une histoire à redécouvrir

L’histoire de Melilla, autrefois appelée Rusadir, reflète un questionnement similaire. Longtemps, les récits scolaires en Espagne et au Maroc ont attribué la fondation des premières cités côtières – telles que Melilla, Tétouan (Tamuda), Tanger (Tingis), ou encore Málaga (Malaca) – aux Phéniciens, sans tenir compte de la capacité des populations autochtones, notamment les Amazighs et les Ibères, à édifier leurs propres centres urbains.

Pourtant, de plus en plus de recherches, notamment celles menées par des archéologues marocains, suggèrent que ces villes étaient bien établies avant l’arrivée des Phéniciens. L’absence de sépultures phéniciennes dans ces sites, qui auraient normalement témoigné de leur présence à long terme, est un argument important qui suggère que ces populations ne faisaient qu’interagir avec des villes déjà existantes pour prospérer économiquement.

Le récit qui fait partie de l’enseignement classique, a souvent été biaisé, privilégiant l’idée d’une arrivée des Phéniciens comme fondateurs au détriment des populations locales. L’utilisation du terme « Maurus », à l’origine du mot « Maures », désignait les Amazighs d’Afrique du Nord, qui auraient, selon certaines théories, créé des villes et des centres commerciaux des siècles avant l’arrivée des colons phéniciens.

Des échanges transméditerranéens qui précèdent la colonisation

En mai 2017, un colloque organisé par l’Institut Cervantes de Rabat, avec la participation de l’immunologue et anthropologue génétique Antonio Arnaïz Villena, a exploré les liens entre les Amazighs et les Ibères. Ces discussions ont conclu que les populations des deux rives du Méditerranée formaient une communauté culturelle unie avant l’avènement du christianisme en Ibérie et de l’islam en Afrique du Nord. Les échanges, qu’ils soient culturels, économiques ou humains, étaient courants dès la préhistoire, bien avant que les Phéniciens ne sillonnent la Méditerranée.

Les récentes découvertes sur le site d’Assif Beht au Maroc, révélant un vaste complexe agricole, montrent qu’il y avait déjà des communautés sédentaires qui maîtrisaient l’agriculture et l’urbanisation avant même l’arrivée des commerçants phéniciens. Ces progrès dans l’agriculture auraient facilité la formation de véritables agglomérations urbaines, en prouvant que les Amazighs et les Ibères avaient la capacité de bâtir des villes et des infrastructures sophistiquées.

Redéfinir l’histoire des villes méditerranéennes

Ces découvertes, à Málaga comme ailleurs, nous invitent à reconsidérer l’histoire des villes méditerranéennes et à reconnaître le rôle des peuples autochtones dans leur fondation. Pour Melilla, il est possible que la ville, connue sous le nom de Rusadir à l’époque, ait été un centre amazigh avant l’arrivée des Phéniciens. Il faut redonner à ces populations locales leur place dans l’histoire, de souligner leur savoir-faire et leur capacité d’organisation qui ont permis l’émergence de villes prospères bien avant l’arrivée des civilisations coloniales. Mais aussi encourager les fouilles archéologiques conjointes entre le Maroc et l’Espagne et mettre en lumière l’héritage commun de la région.

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