La femme au pouvoir est dans le vent. En Amérique du Sud, par exemple. Comme par hasard un des possibles nouveaux partenaires d’une Afrique qui n’aurait plus peur de tourner la tête à 360 degrés pour se choisir les courtisans (ou fossoyeurs) qui lui conviennent, et non plus seulement les « amis naturels » de l’Afrique. Après Bachelet au Chili, l’Argentine s’est donnée à… une Argentine, Cristina Elisabet Fernández de Kirchner. Difficile encore de dire si, sérieusement, une femme c’est réellement différent d’un homme, parvenue au pouvoir. Mais, l’Afrique achève utilement de le démontrer, ça ne saurait être pire.
Le parallèle n’est sûrement pas anodin, c’est au moment où se joue économiquement une partie de l’avenir de l’Afrique que s’opèrera aussi peut-être cette évolution des genres au sommet des états. Plutôt mal organisé (au moins pour les journalistes africains, pour changer un peu) le sommet Europe-Afrique aura été le théâtre d’anecdotes : la tente de Kadhafi (qui ne fréquente pas les palaces), plantée dans un ancien fort militaire, avec, plus haut que le drapeau portugais, les couleurs libyennes ; les propos de la chancelière allemande Angela Merkel ; la pseudo manif’ anti-Mugabe, montée à la hâte, réunissant dix pèlerins ; la manif pro-Mugabe, réunissant elles plusieurs centaines de personnes ; les deux filmées en plan serré, pour en relativiser les impacts et les égaliser… Etc.
Ce sommet aura aussi été le théâtre d’un jeu de dupes, tous formidables dans leur rôle.
Sommés par l’Europe, Louis Michel, le bon samaritain de la République Démocratique du Congo et du Togo (en attendant mieux), en tête, les pays africains doivent, en cette fin d’année 2007, signer ou non les Accords de partenariat économique (trop fameux APE). Accords qui engageront irréversiblement leurs signataires. Accords qui, à court et moyen terme, permettront à ceux qui vont les parapher de sortir un peu la tête de leur pays de l’eau (Côte d’Ivoire, pour sauver la banane, Cameroun…). Accords aussi qui, dixit Chirac (Le Soleil), décidément jamais si sincère et honnête que lorsqu’il n’est plus aux affaires, représentent « une menace pour les rares industries africaines, réduisent les recettes fiscales » et permettront le « déferlement de produits européens sur l’Afrique sans contrepartie ». Accords que Wade seul ou presque contesta. Mais comme il gueule tout le temps, Wade…
La libéralisation des marchés par le démembrement des Etats n’était pas au programme de Lisbonne. Elle en fut pourtant l’enjeu. Rares sont les hommes d’Etats africains qui l’auront diagnostiqué en rentrant chez eux.
Quand on voit les attaques, vannes et moqueries dont une Simone Gbagbo ou une Adama Ba Konaré sont capables d’affubler la France et son grand président, on finit par avoir hâte de les voir se colleter avec un Louis Michel.
Samory Touré, pour Le Gri-Gri International à retrouver tous les quinze jours dans les kioskes.