Alors que le monde a les yeux rivés sur les élections américaines, les combats continuent au Nord-Kivu, à l’est de la République Démocratique du Congo. L’Union Européenne et les dirigeants africains tentent de trouver une sortie de crise politique à la situation qui inquiète de plus en plus les humanitaires.
Nouvelle journée de violences en Afrique centrale. L’est de la République Démocratique du Congo (RDC) est en proie au chaos. Le Programme Alimentaire mondial (PAM) a annoncé mercredi qu’il allait débuter des distributions de nourriture dans l’est de la RDC. Près de 135 000 personnes déplacées sont actuellement regroupées dans six camps de fortune installés par le Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR) dans les environs de Goma, capitale provinciale du Nord-Kivu. Le défi est de taille pour l’organisation humanitaire : « une ration de dix jours doit être distribuée dans tous les camps en même temps pour éviter que la population ne se déplace d’un camp à un autre », a-t-elle indiqué dans un communiqué reçu à Kinshasa. L’arrivée du PAM n’est pas pour autant le signe de la fin des violences.
« La Monuc au milieu des tirs croisés »
Des combats ont opposé, mardi après-midi, les troupes rebelles du Congrès National pour la Démocratie et le Peuple (CNDP) de Laurent Nkunda aux Maï Maï, des miliciens locaux d’auto-défense proches de l’armée congolaise régulière. Kiwanja, localité de l’est de la RDC, à 80 km au nord de Goma, a ainsi été le théâtre de violents affrontements alors qu’y est installée une petite base de la Mission des Nations unies en République Démocratique du Congo (Monuc). « Notre base de la Monuc est prise au milieu de tirs croisés des troupes du CNDP à l’est et des Maï-Maï au nord », a déclaré à l’AFP Sylvie van den Wildenberg, la porte-parole de la Monuc à Goma. Les rebelles se sont emparé de la ville voisine de Rusthuru, important centre administratif du pays, et ils continuent de menacer la grande ville de Goma qui résiste difficilement.
« Nous sommes en train de renforcer notre présence à Goma », a indiqué Alain Le Roy, secrétaire général adjoint de l’ONU chargé des opérations de maintien de la paix. Aucun chiffre n’a été avancé mais il a estimé à 1500 le besoin en casques bleus de la force internationale en RDC. Installée depuis huit ans en RDC, la Monuc est la mission onusienne en exercice la plus ancienne au monde. Forte de 17 000 hommes, elle doit faire face aux violentes critiques de la population qui lui reproche son inefficacité.
L’ex-général tutsi congolais, Nkunda, et ses hommes mettent à feu et à sang la région du Nord-Kivu depuis quelques semaines. Ils ont jeté des centaines de milliers de personnes sur les routes et ont déjà pris de nombreuses villes de l’est du Congo. Ils se sont dits prêts à renverser le gouvernement de Kinshasa si celui-ci refusait de négocier avec eux.
Depuis une semaine, les dirigeants européens et africains se relayent en RDC sans succès.Tous les espoirs porteront sur le sommet de vendredi. Le président congolais Joseph Kabila et son homologue rwandais Paul Kagamé se retrouveront ce jour-là à Nairobi, au Kenya, sous l’égide de Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations-unies. Souhaitée depuis plusieurs jours par la communauté internationale, cette rencontre aura pour but de « résoudre cette crise » qui déchire le troisième plus grand pays d’Afrique.
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