La troisième édition du concours Harubuntu des porteurs d’espoir et créateurs de richesse africains s’est ouverte ce lundi. Les organisateurs souhaitent en faire une tribune de plus en plus accessible à ceux qui démontrent que le continent africain déborde d’hommes et d’idées qui contribuent au quotidien à son développement. Wivine Hynderick, la coordinatrice du concours Harubuntu, revient sur les ambitions de ce projet.
Le Concours des porteurs d’espoir et créateurs de richesse africains est conjointement organisé par l’ONG belge Echos Communication et Cités et gouvernements locaux unis d’Afrique (CGLUA) qui rassemblent les autorités locales du continent. Les six lauréats de l’édition 2009 ont été récompensés à Marrakech, dans le cadre du sommet Africités du CGLUA. Harubuntu distingue les projets dans trois catégories : autorité locale, entreprenariat et société civile. Le Marocain Mostafa Maataoui, pour la commune de Sidi Bouhmedi, l’entrepreneur burundais Serge Vyisinubusa, pour la construction d’un barrage hydroélectrique, et la Rwandaise Jacqueline Uwimana pour l’association Umuseke ont été respectivement distinguées dans ces trois catégories. Mireille Critié de la Côte d’Ivoire, pour les villages nés dans le cadre d’un programme du Centre de recherche et action pour la paix (Cerap), Assane Awe du centre Arafat Excellence, au Sénégal, et Emmanuel Kabengele, responsable du Centre d’études et de formation populaires pour les droits de l’Homme (Cefop), en République Démocratique du Congo (RDC), ont été les coups de coeur du jury 2009.
Afrik.com : Que réserve la 3e édition d’Harubuntu ?
Wivine Hynderick : La troisième édition du concours Harubuntu est lancée ce lundi ! Chaque année, nous réfléchissons à améliorer l’initiative pour atteindre au mieux nos objectifs qui sont de promouvoir un développement plus humain, qui valorise les potentiels des gens et leurs talents sur le continent africain. Comme chaque année, du temps a été pris avec le jury et des personnes extérieures pour améliorer les processus de sélection et d’accompagnement des candidats.
Nous voulons petit à petit décentraliser le concept Harubuntu afin qu’il touche au plus près les gens. Nous allons aller au-delà d’Internet et des grands médias pour rendre le concours encore plus accessible à tous ceux qui font bouger l’Afrique et qui ont besoin d’être connus et reconnus en Europe, où souvent on a une si piètre image de l’Afrique et des Africains. C’est pourquoi, cette année, nous allons expérimenter la mise en place de comités d’avis en Afrique du Nord, en Afrique de l’Est et en Afrique de l’Ouest. L’objectif est de mobiliser des personnes sur place, qui ont une bonne connaissance du contexte local et qui partagent nos objectifs, pour qu’ils nous donnent leur avis sur les candidatures reçues. Ils nous semble essentiel que le concept Harubuntu soit petit à petit approprié par les gens. Enfin, la remise des prix se tiendra cette année à Bruxelles, en Belgique, début décembre 2010 et s’inscrira dans le cadre d’une semaine Harubuntu.
Afrik.com : Le concours est certes jeune, mais pensez-vous qu’il suscite un engouement ?
Wivine Hynderick : Je suis convaincue que le concours Harubuntu a de l’avenir. On reçoit des centaines de candidatures en provenance de toute l’Afrique. Nous cherchons avant tout à proposer un changement de regard sur le développement et les rapports Nord-Sud. Et comme tout processus de changement, cela s’inscrit dans la durée. Chaque année, nous rencontrons les lauréats présélectionnés qui nous émerveillent et nous sommes frappés par le fait que nos hypothèses sont si justes. C’est surtout cela qui donne du sens à Harubuntu.
Afrik.com : Que deviennent les candidats et leurs projets ? Un exemple vous-a-t-il marqué récemment ?
Wivine Hynderick : La question de l’accompagnement dans la durée des lauréats est quelque chose d’essentiel pour nous. Outre l’enveloppe budgétaire et la visibilité dans les médias, nous souhaitons créer un lien dans le temps. En quoi son expérience de terrain et de projet peut nous aider à répondre à nos questions, à nos manques en tant qu’ONG dédiée à la communication dans le développement ? Et comment nous pouvons, en lien avec nos objectifs, continuer dans le temps à jouer un rôle ? Pour donner un exemple de ce que peut apporter Harubuntu, je voudrais vous parler du lauréat sénégalais de 2009, Assane Awe. Il travaille pour le Centre de développement communautaire Arafat Excellence qui se situe dans la commune de Grand Yoff à Dakar. Leur objectif est de mettre en place une structure qui accompagne le développement de ce quartier pauvre. Suite à la remise des prix à Marrakech, au Maroc, ils ont organisé une fête pour présenter le prix Harubuntu au maire de leur commune, ainsi qu’aux délégués de quartier, aux imams, notables et autres centres communautaires. Lors de cette fête, différentes personnalités ont désigné Arafat Excellence comme un exemple à suivre pour stimuler le développement local et les ont assuré de leur soutien pour la suite. Petit à petit, Assane Awe et son équipe, en saisissant ce genre d’opportunités, consolide leur action et font boule de neige.
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