Esther Vololona, révoltée contre l’injustice


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Améliorer la vie de ses concitoyens. Telle est la vocation de la Malgache Esther Vololona Razazarivola. Elle a fondé son association Avenir pour aider les plus démunis à connaitre leurs droits. Elle lutte également contre toute forme d’injustice à Madagascar. Portrait de l’une des lauréates 2012 du concours Harubuntu.

Esther Vololona Razazarivola est le genre de personne qui vous inspire confiance dès le premier abord. Elle a toujours le sourire. Sa voix fluette apaise. Chaleureuse. Disponible. Aimable. On peut très vite croire qu’il est impossible qu’elle puisse se mettre en colère. Erreur. L’injustice la répugne. Face à cette dernière, elle n’a pas de scrupules. Comme un être maléfique qu’elle doit combattre, elle fronce les sourcils. D’un coup, son sourire s’efface. Elle concentre alors toute son énergie, prête à tordre son ennemie dans tous les sens, jusqu’à la réduire en bouillie. « Si les riches qui ont financièrement les moyens aidaient les plus pauvres, Madagascar ne serait pas dans l’état où il est aujourd’hui. Si les autorités travaillaient au service de la population et traitaient tous les citoyens sur le même pied d’égalité avec amour et respect, on n’en serait pas là ».

A l’entendre parler, on pourrait croire qu’Esther est une utopiste. Loin de là. La Malgache de 50 ans, au regard déterminé et aux cheveux noirs de jais toujours parfaitement coiffé en arrière, n’est pas une rêveuse mais une femme d’action. Depuis son plus jeune âge, elle ressent le besoin d’aider les autres. De leur donner espoir. De les pousser à revendiquer leurs droits. Un projet qu’elle a concrétisé en créant l’association Avenir en 1996. Le but de l’organisation aux actions multiples dans la province d’Antananarivo, à Manjakandriana, est d’améliorer la vie des plus démunis, notamment ceux qui vivent dans les villages les plus reculés. Elle les aide à mieux connaitre leurs droits. Elle soutient aussi les femmes victimes de toutes formes de violences : sexuelles, morale, verbale, physique, conjugale. Elle permet notamment aux enfants d’avoir accès à des loisirs. « Nous sommes 26 au sein de l’association dont huit juristes qui travaillent bénévolement à mes côtés », explique-t-elle. « L’association est ouverte 365 jours sur 365 , 24h sur 24, sept jours sur sept », dit-elle en riant. « Ceux qui en ressentent le besoin peuvent nous solliciter à tout moment. Parfois, nous nous déplaçons même la nuit dans les campagnes pour aider ceux qui sont en détresse. Un jour, une jeune fille a été agressée sexuellement, ses parents nous ont contacté pendant la nuit pour qu’on leur donne des conseils afin qu’ils saisissent la justice. Nous sommes allés immédiatement à leur encontre ».

Violence foncière

L’association n’attend pas qu’on vienne à elle. C’est au contraire elle qui va à la rencontre de ceux qui ont besoin qu’elle leur prête main forte. Ses actions ne s’arrêtent pas là. Elle sensibilise aussi sur les questions environnementales. Les feux de brousses. Le déboisement. « Ce sont les thèmes que nous abordons, en accentuant sur l’importance des forêts ». Esther insiste aussi sur le fait que son association combat la violence foncière. C’est-à-dire ? « A Madagascar il y a beaucoup de litiges concernant les terres qui sont très disputés. La loi dit que les terres appartenant à l’Etat peuvent être récupérés par ceux qui en font la demande si toutefois ils les viabilisent, en semant des récoltes, construisant des biens ect… Mais les autorités locales ne respectent pas toujours leur promesse et refusent d’octroyer les terres à ceux qui en font la demande alors que c’est leur droit. Nous soutenons tous ceux qui ont subi des injustices de ce genre. »

Mariée et mère de deux enfants, Esther déborde d’énergie. Elle n’a jamais eu de tracas pour mener ses activités tout en s’occupant de sa vie de famille. « Je n’ai jamais ressenti de fatigue pour ce que je fait car j’aime aider les autres. Mon mari m’a toujours encouragé. Issue d’une famille nombreuse, en effet, elle a toujours consacré sa vie aux autres. Après l’obtention de son bac, elle tente de trouver un travail pour aider ses parents à subvenir aux besoins de ses frères et sœurs. C’est finalement au couvent qu’elle trouve un emploi, en aidant les bonnes sœurs à la caisse et préparation de médicaments dans une pharmacie. Elle économise de l’argent pour s’inscrire à l’université, où elle décroche son diplôme en gestion d’entreprise. Même si elle sait qu’elle ne retournera plus au couvent, elle en garde une très bonne expérience. Elle y trouve sa vocation. « Un jour j’y entendu une femme qui se plaignait d’être battue pas son mari! Son témoignage m’a choqué! Moi je n’avais jamais connu ça. Mon père et ma mère s’entendaient très bien. A la maison, c’était la joie ! Je ne pouvais pas imaginer qu’il y avait des femmes qui souffraient autant dans leur ménage. C’est depuis ce jour que j’ai eu envi de fonder une association pour venir en aide à tous ceux qui étaient malheureux », confie-t-elle.

La Malgache déplore également la pauvreté dans son pays. « Chaque fois que je vais à la rencontre des paysans, ils me disent que rien a changé, nous sommes toujours aussi pauvres. Une « injustice », selon elle car « tous ceux qui ont en la possibilité doivent aider les plus démunis sans attendre ».

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