Est de la RDC : intensification des combats, tensions régionales et atteintes à la liberté de presse


Lecture 5 min.
Des soldats congolais
Des soldats de la RDC

Dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC), les affrontements entre les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, et les forces armées de la RDC (FARDC), appuyées par des milices locales, continuent d’intensifier la violence. Le 23 décembre, des combats ont encore eu lieu dans le territoire de Lubero, une zone stratégique de la province du Nord-Kivu. Par ailleurs, des affrontements ont éclaté près de Kibumba, au Nord de Goma, un secteur où la paix semblait relativement fragile ces dernières semaines.

Depuis plusieurs jours, des bruits de tirs ont résonné sur la colline de Kanyamahoro, située sur l’axe menant à Kibumba, à une vingtaine de kilomètres de Goma. Cela n’était plus arrivé depuis plusieurs semaines, après un calme précaire observé dans cette région. Les premiers tirs ont été entendus dans l’après-midi du lundi 23 décembre, confirmant la reprise des hostilités.

De plus, des combats ont aussi eu lieu à Kamatembe, dans le parc des Virunga, une zone qui avait connu des affrontements violents début novembre. Kibumba, stratégique pour la sécurité de Goma, est un point clé dans ce conflit. Il y a deux ans, le M23 avait accepté de se retirer de cette zone au profit des forces de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC), mais les FARDC n’ont pas réussi à y rétablir un contrôle stable. Depuis lors, cette localité reste vulnérable, constamment en proie à des attaques de groupes armés.

Ndoluma et Mambasa repris au terme de violents combats

Au Nord de la RDC, dans la région de Lubero, les combats se poursuivent également avec la mobilisation des FARDC. Le 22 décembre, les troupes congolaises ont intensifié leur contre-offensive, recourant à des hélicoptères de combat pour pilonner les positions rebelles. Cette offensive vise à reprendre la localité d’Alimbongo, tombée aux mains du M23 et de ses alliés depuis une semaine, lors d’une offensive éclair. Après cette perte, les FARDC ont réussi à reprendre Ndoluma et Mambasa au terme de violents affrontements. Cependant, la situation dans cette région demeure instable et marquée par une volatilité constante.

Dans le contexte de ces affrontements, l’impact du conflit sur les médias et le droit à l’information des populations locales est de plus en plus préoccupant. À 200 kilomètres à l’Ouest de Goma, la Radio communautaire de Buleusa à Walikale a été attaquée et saccagée par des hommes armés non identifiés lors des derniers combats entre les milices Wazalendo, qui soutiennent les FARDC, et les rebelles du M23.

Le M23 accusé de recevoir un soutien militaire et logistique du Rwanda

Cet acte a été vivement condamné par l’Union nationale de la presse (UNPC), section du Nord-Kivu, qui considère ce pillage comme une atteinte grave à la liberté de presse et au droit des populations à être informées en temps de guerre. La présidente de l’UNPC, Rosalie Zawadi, a exigé des garanties pour la sécurité des journalistes et des médias dans cette période de conflit afin de garantir que les populations locales ne soient pas privées de l’information essentielle dans un contexte déjà très difficile.

Les tensions entre la RDC et le Rwanda, alimentées par le soutien présumé du pays voisin aux rebelles du M23, compliquent davantage la situation. Le M23, qui a émergé au début des années 2010, est accusé de recevoir un soutien militaire et logistique du Rwanda, bien que Kigali ait toujours nié ces allégations. Cette relation tendue entre les deux nations a contribué à l’escalade des violences dans la région, exacerbant les souffrances des populations civiles. En plus des combats, les affrontements ont entraîné des déplacements massifs de civils, qui fuient les zones de guerre à la recherche de sécurité, souvent dans des conditions précaires.

Faiblesses des forces congolaises à rétablir l’ordre

Le M23, composé en grande partie de Tutsis, a profité de l’instabilité dans la région pour reprendre des positions stratégiques, notamment dans les territoires de Lubero et Rutshuru. La prise de ces zones par les rebelles a non seulement perturbé les vies de milliers de personnes, mais a aussi mis en évidence les faiblesses des forces congolaises à rétablir un ordre durable dans ces régions sensibles.

Les tentatives de résolution du conflit par la diplomatie régionale, notamment par l’intermédiaire de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC), n’ont pas encore permis de stopper les violences. En effet, même après les accords passés pour retirer le M23 de certaines zones stratégiques, comme Kibumba, les forces armées congolaises n’ont pas réussi à reprendre durablement le contrôle de ces régions.

Dimension géopolitique au conflit entre la RDC et le Rwanda

Ce climat de guerre incessante met également en exergue la souffrance quotidienne des civils, pris en étau entre les combats, les pillages et les violations des droits humains. Les organisations humanitaires signalent de plus en plus de cas de violence, de mutilations et d’abus à l’encontre des populations locales, notamment des femmes et des enfants. Le manque de sécurité et l’absence d’accès à des soins médicaux de qualité exacerbent encore la crise humanitaire.

La situation dans l’Est de la RDC est marquée par des affrontements violents qui se poursuivent sans relâche. Les tensions entre le Rwanda et la RDC, alimentées par le soutien présumé du Rwanda au M23, ajoutent une dimension géopolitique à ce conflit.

Avatar photo
Très attaché à l’Afrique Centrale que je suis avec une grande attention. L’Afrique Australe ne me laisse pas indifférent et j’y fais d’ailleurs quelques incursions
Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News