Les régions rurales du Zimbabwe, autrefois considérées comme le bastion du ZANU-PF, le parti au pouvoir, soutiennent aujourd’hui le Mouvement pour le changement démocratique (MDC), parti d’opposition, selon les résultats préliminaires du scrutin du 29 mars.
Du fait de cette perte de soutien radicale au parti du président Robert Mugabe, un grand nombre de hauts responsables du gouvernement ont perdu leurs sièges de députés dans différentes provinces, telles que le Mashonaland Central, le Mashonaland Ouest – province natale de M. Mugabe – le Mashonaland Est, le Manicaland, Masvingo et la province des Midlands.
Selon les premiers résultats annoncés par la Commission électorale du Zimbabwe (ZEC) lundi soir, le MDC, dirigé par Morgan Tsvangirai, et le ZANU-PF ont obtenu, chacun, 19 sièges à l’Assemblée, qui en compte 210. L’annonce des résultats électoraux par la ZEC semble s’inscrire dans un schéma où les deux principaux partis rivaux restent à égalité en nombre de sièges obtenus.
Lundi au soir, néanmoins, aucun résultat n’avait encore été annoncé en provenance des zones urbaines, considérées comme la base de soutien du MDC. Tendai Biti, secrétaire général du MDC, a indiqué à IRIN que le parti collationnait ses propres résultats à partir des bureaux de vote et avait déterminé que « nous (le MDC) avons obtenu plus de voix dans les régions rurales que dans les zones urbaines ».
« Dans la province du Manicaland, nous avons remporté 20 sièges sur 26, la plupart dans les régions rurales. Dans la province de Masvingo, nous avons décroché 15 sièges sur 26. Il n’y a pas de différences entre nos statistiques et les résultats annoncés par la ZEC. Dans le pire des cas, on procèdera à un deuxième tour, mais nous sommes convaincus que nous arriverons dans un fauteuil ». George Chiweshe, officier de l’armée à la retraite et président de la ZEC, a déclaré à la presse, lors d’un point presse tenu à Harare, la capitale, qu’il désapprouvait l’annonce de résultats non-officiels par le parti d’opposition et les médias.
« Je ne comprends pas l’impatience des parties prenantes, et notamment des journalistes, à la fois locaux et étrangers ».
Des résultats qui se font attendre
M. Chiweshe a défendu le retard observé dans l’annonce des résultats, conséquence, a-t-il dit, de la tenue simultanée de plusieurs élections.
« Nous nous occupons de 210 circonscriptions parlementaires et de 60 circonscriptions sénatoriales, ainsi que de plus de 1 000 sections électorales, en plus des élections présidentielles ». « En excluant tout contretemps éventuel, tout cela devrait prendre quatre jours ; or, ça nous a pris 48 heures. Dans d’autres pays, dont nous avons observé les élections, ils prennent plus de temps, parce cette tâche exige plus de temps », a affirmé M. Chiweshe.
Lundi soir, rien ne permettait néanmoins de prédire de quel côté pencherait le scrutin présidentiel et si, au terme de 28 années de fonction, M. Mugabe se retirerait pour laisser place à son successeur, en la personne de M. Tsvangirai.
Au sein du MDC, divisé pendant ces élections, la faction de M. Tsvangirai bénéficie d’un soutien unilatéral. Arthur Mutambara, président de la faction pro-Sénat, a été battu aux élections législatives de Chitungwiza, une cité-dortoir située à la périphérie de la capitale, tandis que Gibson Sibanda, son adjoint, a perdu à Bulawayo, de même que Welshman Ncube, le secrétaire général.