Des affrontements ont éclaté, dans la nuit de dimanche à lundi, entre la police et des habitants d’origine africaine dans un quartier pauvre de la localité de Roquetas de Mar, près d’Almeria, dans le sud de l’Andalousie. Il s’agit de la deuxième nuit d’émeutes après le meurtre, samedi, d’un Sénégalais tué à l’arme blanche.
Depuis samedi, le quartier pauvre de la ville de Roquetas de Mar près d’Almeria, dans le sud de l’Espagne, est le théâtre d’affrontements entre la police et les immigrés africains. Suite à l’annonce du meurtre d’un Sénégalais de 28 ans à l’arme blanche, plusieurs immigrés clandestins sont descendus dans la rue pour demander réparations. « Si justice n’est pas faite sur cette affaire, un autre gitan tuera un autre noir sans qu’il ne se passe rien », ont déclaré des Sénégalais aux journalistes du quotidien espagnol El Mundo.
Un règlement de compte
Le jeune homme aurait été tué par un membre de la communauté gitane à la suite d’une dispute autour d’un trafic de drogue. Selon le président de l’ONG Almería, Juan Miralles, interrogé par le quotidien espagnol El Mundo, la victime aurait essayé de s’interposer lors d’une dispute entre un Sénégalais et un gitan et aurait reçu un coup de poignard. Le ministère espagnol de l’Intérieur, Alfredo Perez Rubalcaba, a estimé lundi que la mort du Sénégalais était un cas isolé et que la Garde civile « croyait connaître l’identité de l’assassin ». Interrogé à ce sujet, le sous-préfet d’Almeria, Miguel Corpas, a déclaré sur le site internet du journal local El Almeria que l’origine du meurtre est « un règlement de compte pour la vente de stupéfiants, peut-être liée à une dette économique », espérant que cette explication excluait des « affrontements entre Gitans et Subsahariens » dans l’avenir.
Durant les deux nuits d’émeutes, les immigrés africains ont dressé plusieurs barricades dans la zone autour de la place de l’Andalousie à Almeria d’où ils lançaient des pierres et des bouteilles en direction des forces de l’ordre. Outre les jets de pierres et d’objets, les émeutiers se sont également attaqués à des commerces et se sont livrés à des affrontements avec des groupes de gitans. Ils auraient également provoqué plusieurs incendies de poubelles. « Les émeutiers ont pris la rue d’assaut et ont empêché les pompiers d‘intervenir sur les incendies », a précisé Michel Corpas subdélégué du gouvernement à Almeria aux journalistes d’El Mundo.
Un quartier défavorisé
De son côté Juan Miralles a estimé que d’autres violences n’étaient pas à exclure, car leur origine se trouve dans le délabrement du quartier. « Si on ne fait rien pour que la réalité sociale change, nous pouvons revivre ce genre de situation » dans ce quartier où vit « un pourcentage très élevé d’immigrés », a-t-il déclaré à la radio Cadena Ser. Ce quartier « se détériore peu à peu, la vigilance policière diminue, la tension augmente, la pauvreté, les activités marginales, la délinquance aussi. Les familles qui le peuvent s’en vont, et ceux qui restent sont ceux qui ne peuvent pas partir », a-t-il conclut.