Espagne : l’enfer de la traversée vers les Canaries pour les migrants africains


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Des migrants africains
Des migrants africains

La traversée entre l’Afrique de l’Ouest et les îles Canaries reste l’une des routes migratoires les plus meurtrières vers l’Europe. Depuis le début de novembre 2024, la situation sur cet archipel espagnol inquiète les autorités et les services de secours. En seulement quatre jours, près de 2 000 migrants ont accosté sur les côtes des Canaries, beaucoup d’entre eux dans un état de santé précaire. La précarité des embarcations et les conditions extrêmes de cette route sont responsables de nombreuses pertes humaines, avec des dizaines de morts ou disparus recensés lors de ces récentes traversées.

D’importants moyens mobilisés pour gérer le flux de migrants

La majorité de ces migrants proviennent d’Afrique de l’Ouest, notamment du Sénégal, de la Mauritanie et du Maroc, des pays frappés par des crises économiques, le chômage et l’instabilité. Pour eux, cette route dangereuse reste « la seule issue » pour échapper à la pauvreté et aux violences. Cependant, l’itinéraire est périlleux : les embarcations de fortune, souvent surchargées et mal équipées, sont confrontées aux vagues de l’Atlantique, aux vents violents, et aux courants marins qui dérivent régulièrement les embarcations.

Les autorités des îles Canaries ont mobilisé d’importants moyens pour gérer cet afflux de migrants. Des centres d’accueil temporaires ont été ouverts pour fournir de la nourriture, des soins médicaux et des abris aux rescapés. Cependant, les infrastructures de l’archipel sont débordées. Les services de secours, déjà sollicités par la situation économique et sociale locale, peinent à faire face à ce flux continu de migrants qui arrive dans des conditions souvent dramatiques.

Des passeurs qui exploitent le désespoir des migrants

Les témoignages de migrants survivants sont poignants et mettent en relief l’ampleur du drame humain. Beaucoup racontent avoir passé des jours en mer, sans nourriture ni eau potable, et assisté à la disparition de compagnons de voyage, emportés par les vagues. La traversée dure parfois jusqu’à une semaine, et le désespoir croissant conduit certains à la panique. Ce qui rend la situation encore plus périlleuse pour toutes les personnes à bord.

La route des Canaries, qui a connu un pic migratoire en 2020, est aujourd’hui l’une des plus surveillées, mais les passeurs profitent de la détresse des candidats au départ. Malgré le risque élevé, ces passeurs continuent d’organiser des départs dans des conditions extrêmement précaires. Ces passeurs exploitent le désespoir des migrants pour tirer des profits substantiels. Les autorités espagnoles et marocaines mènent des actions conjointes pour démanteler ces réseaux, mais les traversées continuent de s’intensifier.

Défi politique et humanitaire de taille

Pour l’Espagne, cette crise migratoire pose un défi politique et humanitaire de taille. Madrid appelle à une réponse coordonnée de l’Union européenne pour partager la responsabilité de l’accueil des migrants. Le gouvernement espagnol souhaite également renforcer la coopération avec les pays d’origine afin de trouver des solutions de long terme. Cependant, les solutions sont difficiles à mettre en œuvre tant les causes profondes de l’émigration, comme la pauvreté et l’insécurité, restent persistantes dans de nombreuses régions d’Afrique de l’Ouest.

Les organisations de défense des droits humains, quant à elles, exhortent l’Union Européenne à offrir des voies légales et sûres aux migrants pour éviter ces tragédies. Elles dénoncent la militarisation des frontières et appellent à des politiques d’accueil plus humaines et plus adaptées aux réalités migratoires de ces dernières années. Pour ces ONG, le coût humain de ces traversées reste inacceptable et souligne les limites des politiques migratoires restrictives.

Les Canaries, une étape dans le périple vers l’Europe

Les communautés locales aux îles Canaries, bien qu’accueillantes, se retrouvent elles aussi sous pression. L’afflux massif de migrants suscite des tensions, accentuées par le manque de ressources et d’infrastructures adaptées. Les autorités locales demandent plus de soutien au gouvernement espagnol et à l’UE pour aider à gérer cette situation complexe, sans pour autant stigmatiser les nouveaux arrivants.

Les migrants qui survivent à cette traversée font souvent face à une autre réalité difficile : leur avenir est incertain. Pour beaucoup, l’arrivée aux Canaries ne représente qu’une étape dans leur périple vers le continent européen, mais des obstacles administratifs et juridiques rendent encore plus difficiles leur projet. Certains sont rapatriés, d’autres passent des mois, voire des années, dans des centres d’accueil en attendant une décision sur leur statut.

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Journaliste pluridisciplinaire, je suis passionné de l’information en lien avec l’Afrique. D’où mon attachement à Afrik.com, premier site panafricain d’information en ligne
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