De nouveaux affrontements dans le nord de l’Ethiopie entre les combattants des régions du Tigré et de l’Amhara ont provoqué un exode massif et suscité des inquiétudes internationales. Plus de 50 000 personnes ont fuit leurs foyers, plongeant la région dans une crise humanitaire accentuée. Ce conflit révèle les tensions non résolues malgré les accords de paix récents, mettant en péril la stabilité de la région et la sécurité des populations civiles.
La région du nord de l’Éthiopie est devenue le théâtre de violences renouvelées, exacerbant une crise humanitaire déjà grave. Les affrontements, qui ont éclaté début avril 2024 entre les combattants des régions du Tigré et de l’Amhara, sont la dernière manifestation d’un conflit de longue date sur des territoires contestés. Historiquement, ces zones, rattachées administrativement au Tigré dans les années 1990, sont revendiquées par l’ethnie amhara. Le conflit s’était intensifié, en novembre 2020, avec l’entrée en guerre du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) contre le gouvernement fédéral, conflit qui semblait s’apaiser avec un accord de paix signé en novembre 2022. Cependant, les récentes hostilités montrent que les tensions restent vives et les accords de paix fragiles.
Déplacements massifs et alerte humanitaire
Plus de 50 000 personnes ont été déplacées suite aux récents combats dans la ville d’Alamata et les districts voisins, selon un rapport de l’Office de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha). La majorité des déplacés, comprenant des femmes, des enfants, et des personnes âgées, se sont dirigés vers le sud ou le nord à la recherche de sécurité. L’Ocha souligne que les besoins humanitaires sont en augmentation, avec des réponses insuffisantes face à l’ampleur de la crise.
L’intensification du conflit a suscité une profonde inquiétude au niveau international. Plusieurs ambassades en Éthiopie, dont celles de la France, de la Grande-Bretagne, de l’Allemagne et des États-Unis, ont exprimé leur préoccupation et ont appelé à la désescalade ainsi qu’à la protection des civils. Ces développements interviennent dans un contexte où le gouvernement central d’Addis-Abeba fait face à des défis multiples, y compris des tensions avec les nationalistes amhara qui s’opposent à la démilitarisation des « forces spéciales » régionales.
État d’urgence et perspectives
Face à l’escalade des violences, le gouvernement fédéral a déclaré l’état d’urgence en août 2023. Cette mesure illustre la gravité de la situation et la difficulté de maintenir l’ordre dans une région stratégiquement importante mais instable. Les affrontements entre les milices et les forces spéciales amhara contre l’armée éthiopienne ont non seulement des répercussions sécuritaires mais aussi politiques, avec des implications pour la stabilité future de l’Éthiopie et de la région du Horn de l’Afrique.
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La situation dans le nord de l’Éthiopie reste précaire avec des défis humanitaires croissants et des tensions politiques qui ne montrent aucun signe de résolution rapide. Alors que les efforts internationaux pour médier dans le conflit continuent, la communauté internationale reste vigilante, espérant qu’une solution durable puisse être trouvée pour ramener la paix et la stabilité dans cette région troublée.