Le Nigeria de Muhammadu Buhari s’assimile de plus en plus à un brasier. Du Nord-Est au Sud-Est en passant par le Nord-Ouest, le pays fait face à une flambée de violence qui met à mal la situation sécuritaire du géant de l’Afrique de l’Ouest. Et tout ceci, au nez et à la barbe des autorités politiques. Le régime du Président Buhari est-il à bout ?
Quand il voulait briguer la magistrature suprême au Nigeria en 2015, le général à la retraite, Muhammadu Buhari, avait promis à ses compatriotes d’anéantir en trois mois Boko Haram qui, depuis 2009, endeuille les familles. Général, son arrivée à la tête du Nigeria était vu comme un signe positif dans le sens du renforcement de la sécurité du pays. Si au début, la stratégie d’endiguement de Boko Haram mise en branle par Buhari avait semblé porter ses fruits, six ans plus tard, le désenchantement est total. Boko Haram continue de semer le désarroi dans le pays. Pis, de nouveaux foyers de violences s’allument sur le territoire. Au Nord-Ouest, c’est sur les élèves, étudiants et enseignants que des criminels ont jeté leur dévolu, organisant régulièrement des kidnappings. De décembre à ce jour, plusieurs centaines de personnes ont été enlevées dans cette région par des assaillants qui exigent des rançons. Tout dernièrement, le 5 mai notamment, 39 étudiants enlevés le 11 mars dernier dans leur université dans la ville de Kaduna ont été libérés.
Au Sud-Est, dans les États d’Abia, Akwa Ibom ou Imo, ce sont surtout les positions des forces de l’ordre qui sont visées par des actes de violence. Attaques contre des commissariats, saccages de bâtiments publics deviennent pratiquement des banalités, tant ils sont fréquents dans cette région. Mercredi soir, le commissariat général de division de Bende, dans l’État d’Abia, a été attaqué par hommes armés. Bilan : deux policiers blessés par balles, véhicules incendiés, détenus libérés. Plus tôt dans la même journée du mercredi, deux stations de police ont été brûlées dans l’État d’Akwa Ibom. La chaîne de violences ininterrompue depuis plusieurs semaines dans le Sud-Est du Nigeria serait, selon les autorités du pays, l’œuvre de l’IPOB (Indigenous People of Biafra), le mouvement indépendantiste biafrais et sa branche armée, le Réseau de sécurité de l’Est (ESN, en anglais).
Ce déferlement de violences, aux antipodes des promesses de Buhari, semble traduire, à n’en point douter, l’échec cuisant de la politique sécuritaire de ce général qui conduit, depuis 2015, les destinées de la première puissance économique africaine, un pays qui a besoin d’inspirer confiance au plan sécuritaire pour attirer davantage d’investisseurs. Muhammadu Buhari a encore deux ans pour redorer l’image sécuritaire de plus en plus ternie de son pays.