Le président de la Commission d’enquête sur les violations des droits de l’Homme en Érythrée a proposé, mercredi, que l’ONU ouvre une enquête afin de déterminer si le gouvernement est responsable de crimes contre l’humanité.
Près de vingt jours après la publication d’une enquête de la commission des droits de l’Homme de l’ONU qui accuse l’Érythrée de crimes contre l’humanité, un expert de l’organisation internationale demande l’ouverture d’une enquête afin de situer les responsabilités du gouvernement dans cette affaire.
La commission présidée par Mike Smith, ne disposant pas de mandat, ni de moyens d’établir la responsabilité du gouvernement érythréen dans les crimes contre l’humanité, a jugé que seul l’ONU pouvait mettre la lumière sur toute cette affaire. Elle a toutefois précisé, dans son rapport, les violations systématiques et à grande échelle des droits de l’Homme par le gouvernement d’Érythrée qui pousse quelque 5 000 habitants à fuir le pays, chaque mois. Selon un ressortissant érythréen joint par Afrik.com, « le rapport des experts est tout à fait juste, car il s’appuie sur des témoignages écrits et oraux poignants d’Érythréens torturés et certaines violées, vivant aujourd’hui en Europe, au Djibouti ou en Éthiopie ».
Le rapport de la commission sera présenté à l’Assemblé générale des Nations Unies, à l’automne prochain, à New York, au États-Unis. Après avoir mené leur enquête, les experts considèrent que l’Érythrée possède un système répressif où les gens sont arrêtés, torturés ou encore portés disparus et tués. Face à cette situation, les réfugiés érythréens constituent la seconde population dans les embarcations afin de rejoindre l’Europe. En 2014, le Haut-Commissariat aux réfugiés de l’ONU avait estimé leur nombre à 360 000 répartis dans le monde, pour une population totale estimée à 6,3 millions d’habitants.
L’Érythrée s’était opposée à la création de la commission, en juin 2014, et n’a de ce fait pas autorisé les enquêteurs de l’ONU à se rendre sur place. Elle rejette par ailleurs les conclusions du rapport les qualifiant « d’accusations scandaleuses ». Selon le ressortissant érythréen, une manifestation a lieu, ce jeudi, à Genève en Suisse, afin de dénoncer le régime en Érythrée.