Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdo?an n’a pas été reçu par Mohammed VI lors de sa visite au Maroc, lundi 3 juin, comme l’avait annoncé précédemment le ministre marocain des Affaires étrangères, Saâdeddine El Othmani. Contrairement a ce que l’on a pu lire en ligne, Mohammed VI n’a pas refusé de le recevoir. Il n’a tout simplement pas pu car il est absent du royaume. Les raisons qu’il l’ont poussées à écourter sa visite au Maroc sont toutes autres. Explications d’une colère incomprise.
D’après la presse électronique au Maghreb, Recep Tayyip Erdo?an en veut à Mohammed VI et il l’aurait fait savoir en quittant le Maroc pour l’Algérie le même jour que son arrivée, lundi 3 juin, alors qu’il débutait sa tournée au Maghreb. D’après plusieurs articles parus en ligne, Erdo?an considère comme un affront et une humiliation le « refus » de Mohammed VI de le recevoir dans son palais à Rabat, comme cela a été prévu par le ministre marocain des Affaires étrangères Saâdeddine El Othmani. Mais en réalité, Mohammed VI n’est tout simplement pas présent au Maroc, et ça, le Premier ministre turc le savait pertinemment avant d’arriver au royaume. Un haut responsable politique ne se déplace dans un pays sans connaître la position géographique de celui censé l’accueillir. Toutefois, les raisons de son absence ne lui ont certainement pas été communiquées. Sa colère, en plus de s’être certainement senti offusqué par l’absence du souverain sans en connaître les raisons officieuses, vient donc d’ailleurs.
Erdo?an et le Sahara occidental
Recep Tayyip Erdo?an n’aurait, selon nos sources, pas digéré le fait que les officiels et la presse officielle marocaine déforment ses propos en ce qui concerne le Sahara occidental. Ceux-ci en aurait ajouté sur les réelles déclarations d’Erdo?an en affirmant qu’il était définitivement contre le Polisario et déterminé pour que l’Algérie rouvre ses frontières avec le Maroc. Le Premier ministre turc a en fait tout simplement proposé sa médiation pour résoudre le conflit au Sahara qui oppose le Maroc au Polisario. A la veille de sa visite en Algérie où le Polisario est, en plus d’être reconnu, soutenu, nous comprenons alors pourquoi Erdo?an était en colère. Et puis, n’oublions pas que le patronat marocain a boudé sa visite.
Inconscience ou ingérence ?
Outre ces querelles, Erdo?an est-il réellement en position de proposer une quelconque médiation entre le Maroc et l’Algérie, alors que son pays est en proie à une vague de contestation ? D’autant plus que s’il ne reconnaît pas la légitimité du Polisario, il sera bien obligé d’y parvenir s’il veut apporter une solution au conflit car le peuple sahraoui est de fait représenté par le Polisario. Le Premier ministre turc n’est pas parvenu à réconcilier le pouvoir syrien avec l’opposition, à l’instar de l’ancien pouvoir libyen avec son opposition. Il aurait au contraire contribué à la déstabilisation de ces pouvoirs. Parviendra-t-il à réaliser au Maghreb ce qu’il a échoué ailleurs ?
Sur la toile, de nombreux internautes marocains et algériens s’interrogent sur les réelles motivations qui poussent Erdo?an à vouloir s’imposer comme médiateur. Beaucoup critiquent également sa décision d’entamer une tournée régionale au Maghreb alors que son pays s’embrase. Ses homologues européens auraient interrompu leur visite officielle pour moins que ça.