Entretien avec Joseph Kamga : « Pourquoi je n’ai pas participé à la Coupe d’Afrique 1984 »


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Joseph Kamga alias le Chat
Joseph Kamga alias le Chat

Actuel Directeur Sportif de l’Union de Douala, au Cameroun, Joseph Kamga a fait les beaux jours du football camerounais. Dans cet entretien exclusif, il révèle que l’Union de Douala a une nouvelle politique qui consiste à accompagner les joueurs dans la préparation de leur retraite.

Entretien de notre Envoyé spécial au Cameroun,

Qui est Joseph Kamga alias le chat ?

Je suis né le 25 juillet 1957 à Yaoundé. Déjà au CM2 à l’école primaire, les clubs de première division me sollicitaient, parce que je faisais la fierté du football inter-quartiers à Yaoundé. J’étais sollicité au Dragon de Yaoundé, en 1972. Par la suite, j’ai rejoint les Lions de Yaoundé, une équipe du centre. J’étais le seul étranger et le plus jeune. Jetais bien encadré par mes ainés. Très brillant que j’étais, j’ai été sollicité par le Tonnerre de Yaoundé, en 1975, lorsqu’ils gagnaient la première Coupe d’Afrique des vainqueurs de coupe. J’avais un partenaire comme Roger Milla… J’y ai passé un an et comme la concurrence était difficile, je suis rentré au bercail comme on dit, chez les Lions de Yaoundé, mon ancien club. J’ai passé un an et nous avons été champions de la poule du centre. Nous sommes allés aux inter-poules et j’ai été désigné meilleur joueur. Nous sommes montés en première division, en 77-78. J’ai été repéré à l’époque par le président Prince Ngassa Happi. Il m’a vu lors d’un match qui opposait l’Union de Douala aux Lions de Yaoundé. J’ai donc fait mes valises pour venir à Douala, en 1978.

D’où tenez-vous votre surnom le chat ?

Le surnom le chat m’a été attribué à la suite d’un championnat inter-quartiers. J’ai stoppé cinq penaltys. C’était dans les années 72, je jouais à l’époque comme gardien de but. Voilà ! Je me rappelle à l’époque, j’avais beaucoup d’estime pour un milieu de terrain du nom de Paul Gaston Ndongo. À chaque fois que je regardais le match du Tonnerre de Yaoundé, j’ambitionnais de devenir comme lui. Finalement, j’ai décidé de jouer en tant que milieu de terrain.

Avez-vous gagné des trophées sur le plan national et continental avec vos différents clubs ?

Quand je venais à l’Union de Douala, l’équipe se faisait toujours éliminer en 16èmes ou 8èmes de finale des compétitions africaines. Comme s’ils m’attendaient, en 78-79. En 1980, je gagne la Coupe du Cameroun et 1981 la Coupe d’Afrique des vainqueurs de coupe de football. Avec l’Union de Douala, j’ai gagné deux trophées.

Et avec les Lions Indomptables ?

J’arrive en équipe nationale, en 1978. Je trouve des grands frères qui étaient déjà titulaires, ce n’était pas facile de m’adapter. Mais, le plus important est que je faisais toujours partie du groupe. La preuve, j’ai participé à la Coupe d’Afrique des Nations en 82 en Libye. Quelques mois après, j’ai participé à la Coupe du monde en Espagne. Rentré au Cameroun après la Coupe du monde, j’ai continué avec mon club, Union de Douala. Mais, l’envie était déjà partie, car tous mes coéquipiers : Ndoumbé Léa, René Ndjeia, tout le monde était parti et je n’étais qu’avec les jeunes. J’avais perdu l’envie de continuer, une des raisons pour lesquelles je n’ai pas participé à la Coupe d’Afrique des Nations en 1984. Je n’étais plus au top de ma forme. Il y avait un laisser-aller.

Quand on voit la situation précaire de certaines légendes du football camerounais, avec par exemple Norbert Owona qui serait mort dans l’indifférence…

Je suis le seul footballeur à avoir passé un an à l’hôpital avec lui. C’était un grand frère, qui a fait les beaux jours de l’Union de Douala. On avait nos relations personnelles. Un jour, j’ai appris qu’il est tombé malade. J’ai eu l’idée de saisir les dirigeants et Madame Franco Denise, maire de Douala, a pris en charge ses soins. Il était abandonné à lui-même. Par la suite, on s’est bien occupé de lui et il s’est rétabli. Finalement, il a été victime d’un AVC, qui l’a conduit à la mort. Vous savez, au Cameroun, quand tu es encore actif, tout le monde converge vers toi, mais lorsque tu ne l’es plus, tu es abandonné.

Il parait que Norbert Owona fut le premier footballeur à rouler en voiture ?

Oui, il est l’un des tous premiers footballeurs à rouler en voiture à Douala. Il a été très chouchouté à l’Union de Douala par les dirigeants. L’Union de Douala est une équipe de passionnés, c’est un peu comme l’Olympique de Marseille en France. Ce ne sont pas que des supporters, mais des fanatiques. Mais, Owona Norbert, il avait sa vie. On ne va pas revenir sur tout ce qui s’est passé, malheureusement, il était abandonné à lui-même. Vous savez, quand vous jouez au football, vous devez aussi préparer votre avenir. Les dirigeants ne peuvent pas s’occuper de vous, pendant et après le football.

l’Union de Douala est-elle dans cette dynamique de préparer ses joueurs à leur retraite ?

Oui, c’est pourquoi M. Ngassa Happi, qui est le président du Conseil des sages, nous a confié le rôle avec Bep Solo, les anciennes gloires du club, pour les encadrer. Je fais en sorte qu’ils ne visent pas que l’argent. Vous savez, le football génère aujourd’hui beaucoup d’argent. Les jeunes ne vont plus au football, parce qu’ils ont la passion, mais ils veulent tous devenir comme Eto’o. C’est malheureusement tout le monde qui court derrière l’argent.

Vous êtes directeur sportif de l’Union de Douala, comment se passent les recrutements à quelques semaines du démarrage de la saison ?

Nous sommes vraiment au four et au moulin. Le mercato est fermé, il y a quelques jours, on a essayé d’affilier tous nos joueurs. Les entrainements ont commencé depuis le mois d’octobre, parce que nous voulions que l’Union puisque retrouver son lustre d’antan. Depuis cinq à six ans, l’Union dandine et maintenant nous frôlons même la relégation. On doit pouvoir compter sur le club, cette année, parce que nous avons fait de bons remaniements. L’équipe a été remaniée à 95%.

Est-ce des joueurs du championnat ou des étrangers ?

On avait besoin d’étrangers, mais les conditions ont fait que ça n’a pas marché. Mais, plusieurs joueurs camerounais ont rejoint le club, comme Olih, Kofana, Mvondo, Moukeu, Iyedjock, Ngott, Ivan Sinkot (fils d’Isaac). Nous comptons sur eux. On n’a pas de joueurs de haut niveau, mais des joueurs qui se sont battus pour faire la fierté du football dans ce pays, pour qu’on puisse redorer le blason, cette année.

Quel est le budget prévisionnel de l’Union Sportive de Douala pour cette année ?

Joseph Kamga
Joseph Kamga

Vous me trouvez en train de le rédiger. Nous sommes déjà à 18 millions, avec les entraînements depuis octobre. Les joueurs, pour la plus part, viennent du centre, de Yaoundé. Comme budget prévisionnel, on est à 100 millions FCFA. On a eu de la chance que le maire de la ville de Douala nous a donné 15 millions FCFA et la FECAFOOT 20 millions FCFA. C’est vrai qu’on n’a pas encore cet argent, mais ça venir et nous booster le moral.

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