Le processus de privatisation est en panne au Cameroun. Rien n’y fait, ni la volonté politique, ni la pression de la Banque mondiale et du FMI. Les investisseurs privés, nationaux ou étrangers, boudent obstinément les entreprises camerounaises.
La Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) ont eu beau se déplacer à Yaoundé en mai dernier pour exprimer leurs inquiétudes quant au retard du processus de privatisation au Cameroun, rien n’y a fait. Non que le gouvernement camerounais y mette de la mauvaise volonté. Bien au contraire, lors du lancement du programme en 1990, le chef de l’Etat, Paul Biya, ne ménageait pas ses efforts pour convaincre les investisseurs du potentiel des entreprises nationales. Et se montrait fermement convaincu que ces privatisations allaient s’étendre à tous les secteurs de l’économie et redynamiser le pays. Douze ans après, le gouvernement a de quoi déchanter. Les entreprises d’Etat n’attirent décidément pas les capitaux privés nationaux ou étrangers.
Crise de confiance
Et l’exemple des quelques entreprises qui ont trouvé preneur n’est pas fait pour les séduire. La privatisation en juillet 2001 de la Sonel (Société nationale d’électricité), rachetée par la multinationale américaine AES, est loin d’avoir démontré son efficacité. Au point d’entamer sérieusement la confiance des Camerounais dans le processus. Les dirigeants américains ont commencé par vouloir se séparer sans concertation d’un quart du salariat de l’entreprise et de tous les cadres supérieurs. Ce qui n’a pas empêché ni la chute des actions de l’entreprise à la bourse de New York, ni les multiples coupures d’électricité et délestages dans l’ensemble du pays.
Quant aux nombreux projets de privatisation, leur avenir paraît aujourd’hui fortement compromis. La société agroalimentaire Cameroon development corporation (CDC) n’a trouvé d’acquéreur que pour sa filière thé, autant dire à peine 5% de ses activités. La privatisation de Sodecoton (Société de développement du coton) a pris trois ans de retard, suite à un litige entre l’Etat et les actionnaires de la Smic (Société mobilière d’investissement du Cameroun). Et la Camtel (Cameroun télécommunications), qui a successivement intéressé l’Egypte et la Corée, puis Mont Cameroun, un consortium de capitaux privés camerounais, zimbabwéens, tunisiens et sud-africains, se retrouve depuis mai dernier à la case départ. Autant de situations inextricables qui pourraient bien brouiller durablement le Cameroun avec les institutions financières internationales.