La Guinée-Bissau a inhumé son président Malam Bacaï Sanha dimanche 15 janvier à Bissau, capitale de ce pays de 1,5 millions d’habitants, dans un contexte d’instabilité. Le président de l’Assemblée nationale Raimundo Pereira assure un intérim contesté.
Propulsé à la tête de la Guinée Bissau après l’assassinat de son prédécesseur Nino Vieira, le président Malam Bacaï Sanha est mort le 9 janvier à Paris, à l’âge de 64 ans, des suites d’une longue maladie. Un hommage solennel lui a été rendu, à l’Assemblée Nationale où reposait son cercueil, en présence d’Abdoulaye Wade et Jorge Carlos Fonseca, respectivement chef d’Etat du Sénégal et du Cap-Vert, les premiers ministres du Niger, Sao Tomé et Principe ainsi que de la Guinée était également présent. Des milliers de personnes vêtues de blanc, couleur du deuil dans la religion musulmane et religion de l’ancien chef d’Etat, étaient massées à l’extérieur du bâtiment.
« La République de Guinée-Bissau pleure son président. (…) Le peuple, dans sa diversité ethnique et culturelle, est privé d’un libérateur porteur d’équilibre de notre démocratie » et « d’un homme de consensus » selon les mots du président de l’Assemblée national Raimundo Pereira désigné par la constitution pour assurer l’intérim présidentiel rapporte Jeune Afrique.
La dépouille de l’ancien chef d’Etat a été emmené ensuite à Fortaleza d’Amura, une ancienne garnison coloniale à Bissau, où l’enterrement s’est effectué symboliquement dans un cimetière abritant les martyres de la lutte pour l’indépendance.
Conflit de succession
Raimundo Pereira a donc une période de 60 jours pour organiser un nouveau scrutin présidentiel selon la constitution, ce qui est déjà trop long selon un collectif de quatorze partis d’oppositions qui ne veut pas laisser au président de l’Assemblée Nationale, allié au Premier Ministre Carlos Gomes, le contrôle des institutions jusqu’à l’élection présidentielle. Pereira avait déjà effectué un intérim à la tête du pays en 2009 au cours duquel l’opposition l’accuse d’avoir violé la constitution. Plusieurs personnalités proches du chef de l’Etat avaient alors été tuées par des militaires. Carlos Gomes Junior a de plus clairement l’intention de succéder à Malam Bacaï Sanha à la tête du pays.
Cet intérim laisse surtout au président remplaçant la possibilité de limoger le procureur de la République qui enquête sur l’assassinat de plusieurs personnalités politiques dont l’ancien président José Nino Vieira et ainsi d’empêcher l’arrestation de certaines personnalités suspectées dont le chef d’Etat major Batista Tagmé Na Waié.
Après avoir présenté ses condoléances au gouvernement, le Conseil de sécurité de l’ONU a appelé la Guinée-Bissau a organiser de nouvelles élections dans les délais impartis par la Constitution ainsi qu’à poursuivre ses réformes pour préserver la stabilité du pays et promouvoir la réconciliation nationale.
La Guinée-Bissau entre dans une période d’incertitude alors que la voie du dialogue entamée par le président défunt semble sous la menace d’une guerre de succession.
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