Les Nations Unies dressent pour la première fois la liste des pays et groupes armés qui utilisent, le plus souvent de force et au mépris des lois internationales, des enfants comme soldats dans les conflits. En Afrique, le Burundi, la République Démocratique du Congo, le Libéria et la Somalie sont montrés du doigt.
Les enfants, premières victimes de la guerre. Soldats, espions, messagers, esclaves domestiques et sexuels. Ces dix dernières années, deux millions d’enfants ont été tués dans des conflits, six millions gravement blessés, un million sont devenus orphelins et plus de 20 millions ont été déplacés à travers le monde. Quelque 300 000 enfants et adolescents de moins de 18 ans sont en ce moment enrôlés, le plus souvent de force, en tant que soldats dans 41 pays, en Asie, au Moyen-Orient, en Amérique Latine et en Afrique.
Les Nations Unies publient pour la première fois une liste accusatrice, mettant en lumière les pays et groupes armés qui, au mépris des lois internationales, utilisent des enfants dans les conflits. Le rapport des Nations Unies dénonce particulièrement quatre pays africains : le Burundi, la République Démocratique du Congo (RDC), le Libéria et la Somalie. Sur le continent, les enfants qui se retrouvent dans les différents groupes armés sont pauvres, illettrés et viennent souvent des zones rurales. Certains se portent même volontaires pour tenter de fuir la misère.
Liste noire
Au Burundi, le gouvernement enrôle des jeunes de moins de 18 ans dans ses forces armées. Il est cité dans le rapport aux côtés du Parti pour la libération du peuple hutu (Palipethutu), des Forces nationales pour la libération (FLN), du Conseil national pour la défense de la démocratie (CNDD) et du Front pour la défense de la démocratie (FDD).
En RDC, les enfants se retrouvent dans les rangs du Mouvement national de libération du Congo (MLC), du Rassemblement congolais pour la démocratie RCD-Goma, du Rassemblement congolais pour la démocratie RCD-national, du Rassemblement congolais pour la démocratie RCD-Kisangani/ML, des Masunzu’s Forces, de l’Union des patriotes congolais (UPC), des Lendu militias, des Mai Mai et des ex-FAR/Interahamwe.
Au Liberia, les Nations Unies accusent le gouvernement et le groupe armé Liberians united for reconciliation and democratie (Lurd) de se servir d’enfants. Et en Somalie, ce sont le gouvernement de transition, la Juba Valley Alliance, le Conseil de réconciliation de la Somalie et l’armée de résistance Rahanwein (RRA) qui sont montrés du doigt.
L’important, c’est d’accuser
Pour Olara Otunnu, le représentant spécial de Koffi Annan (le secrétaire-général de l’Onu) pour les enfants et les conflits armés, cette liste noire représente une grande avancée. » Pour la première fois dans un rapport officiel du Conseil de sécurité, ceux qui violent les lois de protection des enfants victimes des guerres sont spécifiquement nommés « , a-t-il indiqué lors d’une conférence de presse à New-York.
Le rapport met à part les pays dans lesquels les conflits sont en cours de résolution. Au Sierra-Leone, par exemple, 6 500 enfants soldats ont été démobilisés cette année et 6 500 ont pu réintégrer leur famille. Toutefois, il reste des risques qu’ils soient repris par les groupes armés qui les avaient enrôlés pour se battre à la frontière du Liberia. Quant à l’Angola, malgré le cessez-le-feu d’avril dernier, le rapport estime qu’il reste encore entre 6 000 et 8 000 de jeunes de moins de 18 ans dans les rangs de l’Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola (Unita).
La situation des enfants soldats reste problématique au Soudan, où l’Armée de libération du peuple soudanais a relâché quelques enfants en mars 2001 mais en garde un nombre impossible à déterminer. Même situation dans le nord de l’Ouganda, où la LRA (lord’s Resistance Army) continue d’utiliser des enfants comme soldats ou esclaves sexuels.
Visiter le site du représentant spécial des Nations Unies pour les enfants et les conflits armés.