Encore un chef milicien congolais transféré devant la justice internationale


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Germain Katanga, 29 ans, est poursuivi par la Cour pénale internationale(CPI) pour trois chefs de crimes contre l’humanité (meurtre, actes inhumains, esclavage sexuel) et six chefs de crime de guerre, dont enrôlement forcé d’enfants, selon l’acte d’accusation du procureur.

Notre correspondant à Kinshasa

Katanga était le chef historique des Forces de résistance patriotiques en Ituri (FRPI), milice créée fin 2002 avec un soutien ougandais dont de nombreux membres, des ethnies lendu et ngitis, sont soupçonnés d’avoir participé à des massacres à caractère ethnique dirigés contre les Hema, une autre ethnie de la région. Il fut intégré comme Général dans les Fardc (Forces armées de la Rdc). Il est arrivé ce jeudi 18 octobre à La Haye. Il sera détenu dans la prison de Scheveningen à La Haye, où la CPI loue des cellules. Germain Katanga est le second prisonnier de la CPI, après un autre chef de milice congolaise, Thomas Lubanga, chef de la milice hema de l’Union des patriotes congolais (UPC), poursuivi pour enrôlement forcé d’enfants.

Fermeté de Kinshasa face à l’impunité

Selon un communiqué émanant du ministère congolais de la Justice, la remise à la CPI de ce seigneur de guerre de l’Ituri a été organisée et effectuée par les autorités judiciaires de la RDC qui ont bénéficié de l’assistance des services de la police et de l’armée en réponse à la demande de la Cour. Pour le gouvernement congolais, la remise de Germain Katanga à la CPI est l’expression renouvelée de sa volonté de lutter contre l’impunité et d’amener devant la justice tant nationale qu’internationale les personnes responsables des crimes les plus graves, qui ne sauraient rester impunis. C’est donc , soutient Kinshasa, un signal fort pour affirmer que personne n’est au-dessus des lois et que la justice rattrapera ceux qui auront commis des crimes qui heurtent la conscience de l’humanité.

Satisfaction à La Haye

Le procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo, s’est félicité du transfert du chef milicien congolais à La Haye, disant vouloir « rétablir le droit » en RDC. « Nous devons faire en sorte de rétablir le droit en République démocratique du Congo », où la violence continue de sévir. « Notre travail est de lutter contre l’impunité (…) et c’est ce que je ferai » , a expliqué à l’AFP M. Moreno-Ocampo. La Cour a, par ailleurs, salué la coopération des autorités congolaises dans le transfert à La Haye de Germain Katanga, en l’extrayant dans la nuit de mercredi à jeudi de sa prison de Kinshasa. « Les autorités congolaises ont coopéré avec la Cour dans l’esprit du statut, en exécutant le mandat d’arrêt et en remettant Germain Katanga à la CPI », a indiqué dans un communiqué Bruno Cathala, greffier de la Cour.

Inquiétude des Ong congolaises

« Justice Plus », une ONG de défense des droits de l’homme, basée en Ituri salue cette arrestation qui s’inscrit dans le cadre de la lutte contre l’impunité. Cependant « Justice Plus » craint que cette mesure d’arrestation puisse avoir un impact négatif sur le processus de démobilisation des miliciens des FRPI en cours. « Nous nous posons beaucoup de questions sur l’opportunité du moment choisi pour transférer Germain Katanga à La Haye. Nous sommes dans un moment décisif où le FRPI doit démobiliser ses troupes. L’on se demande si cette décision ne doit pas avoir un impact négatif sur la dernière phase du DDR (Démobilisation Désarmement et Réinsertion d’anciens ex-miliciens) », indique Godefroid Mpiana, l’un des responsables de l’Ong. Pour sa part, la société civile de l’Ituri proteste contre cette mesure d’arrestation de Katanga. Selon son président, « la CPI doit chercher ailleurs de véritables coupables des crimes qui ont été commis en Ituri ». Il ajoute que Germain Katanga, tout comme Thomas Lubanga n’étaient pas des seuls commanditaires des crimes qui étaient planifiés à partir de l’étranger. « Nous voudrions aussi voir arrêtés les personnes qui étaient à la source de ce qui s’est passé en Ituri », indique-t-il. En ce qui le concerne l’ONG britannique « Human rigth watch » souhaite que la cour poursuive aussi des personnes qui ont financé et armé les milices en Ituri « entre autres des personnes qui sont au pouvoir à Kinshasa », a indiqué une des responsables de cette Ong.

Depuis 1999, les violences interethniques et les affrontements entre milices, qui se disputent le contrôle des mines d’or et des ressources douanières de l’Ituri, ont fait, selon des sources humanitaires, plus de 60.000 morts et plus de 600.000 déplacés.

La CPI, premier tribunal permanent chargé des crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide, est devenue une réalité le 1er juillet 2002, après la ratification du traité de Rome par soixante Etats. Elle comptait au 1er janvier 104 Etats parties.

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