Enafka : une tradition de partage au cœur du Ramadan constantinois


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Patio de la mosquée Émir Abdelkader
Patio de la mosquée Émir Abdelkader

La tradition ancestrale « Enafka » représente l’un des joyaux culturels de Constantine, célébrant les valeurs de générosité et de solidarité communautaire à mi-parcours du mois sacré de Ramadan. Cette pratique séculaire, profondément ancrée dans l’identité constantinoise, témoigne d’un héritage de partage qui perdure.

La veille du 15ème jour du Ramadan marque un moment particulier pour les habitants de Constantine. Le terme « Enafka« , qui désigne des dons en espèces ou en nature principalement destinés aux personnes démunies, prend alors tout son sens. Comme l’explique à l’APS Hadja Zohra, 88 ans, cette tradition remonte à plusieurs siècles et occupe une place privilégiée dans le cœur des Constantinois qui la préservent avec un soin particulier.

Une célébration ancestrale de la générosité

Pendant cette période, la ville entière se transforme en un espace dédié à la solidarité. Les familles aisées saisissent cette occasion pour multiplier les actions caritatives, conformément aux préceptes de l’Islam. Au-delà de l’aspect religieux, c’est toute une dynamique sociale qui s’active, renforçant les liens entre les membres de la communauté. « C’est l’essence même de cette tradition ancrée, » souligne Hadja Zohra.

Les préparatifs d’Enafka débutent généralement trois jours avant l’événement. Une mobilisation générale s’organise, impliquant bénévoles et bienfaiteurs déterminés à offrir un service irréprochable. Mme Nacira, mourchida à la mosquée El Forkane, participant à la préparation du F’tour d’Enafka dans un restaurant Errahma situé sur la route d’Ain El Bey, insiste sur l’importance de cette organisation minutieuse : « Rien ne doit être laissé au hasard et le service doit être au top, d’autant que tous les ingrédients sont là grâce à la contribution des bienfaiteurs. »

Des préparatifs minutieux pour une célébration collective

Les restaurants « Errahma » (signifiant « miséricorde ») ainsi que les foyers constantinois préparent des plats traditionnels spécifiques pour l’occasion : Chekhchoukha, Trida et Chebah Essafra. Cette gastronomie locale prend une dimension particulière lors d’Enafka, devenant le vecteur d’un partage intergénérationnel. La même ambiance festive se retrouve dans les cités universitaires, où des menus spéciaux sont élaborés pour marquer cette journée singulière.

Cette tradition constantinoise s’inscrit dans un contexte plus large de célébrations du mi-Ramadan que l’on retrouve sous différentes formes dans plusieurs pays musulmans. Au Maroc, par exemple, la « Nuit du Destin » est célébrée avec des prières spéciales et des distributions d’aumônes. En Égypte, la fête de « Gargee’an » implique des enfants qui vont de porte en porte pour recevoir des friandises, tandis qu’en Turquie, le « Kandil » est marqué par l’illumination des mosquées et des pâtisseries spéciales.

L’Enafka de Constantine se distingue cependant par son caractère profondément enraciné dans l’identité locale et son orientation vers le partage communautaire. Cette tradition réaffirme chaque année les valeurs d’entraide et de solidarité qui constituent le socle de la société constantinoise.

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