En Afrique, le mauvais état des routes obère la croissance économique comme l’inclusion sociale, tout en favorisant l’insécurité. Pour y remédier, la RDC a choisi de faire confiance aux groupes privés qui, à l’image de Groupe Forrest International, œuvrent à désenclaver certaines régions et décongestionner le trafic des grandes métropoles.
L’important n’est pas le but, mais le chemin. Attribué tantôt à Lao-Tseu, tantôt à l’écrivain voyageur Robert Louis Stevenson, l’adage ferait, si on le leur soumettait, sans doute rire jaune bien des Africains. Car pour la plupart des habitants du continent, se rendre, par la route, d’un point A à un point B représente un véritable chemin de croix. Une galère quotidienne vécue par des millions d’Africains, due à l’état déplorable d’un réseau routier hors d’âge, inadapté et souvent peu voire pas entretenu du tout. Disposant, en moyenne, de 17 % seulement des infrastructures routières nécessaires, le continent accuse un retard alarmant, et lourdement handicapant, sur les autres régions du monde.
Aucun pays d’Afrique n’est épargné. En Côte d’Ivoire, pourtant considérée comme la locomotive économique de la région ouest-africaine, les autorités estiment qu’en dépit des quelque 15 000 kilomètres de routes, dont la moitié bitumés, le mauvais état des infrastructures routières ferait perdre l’équivalent de 1,5 milliard de dollars par an au pays. Même constat en Centrafrique, où les routes impraticables favorisent la prolifération de bandits et groupes armés. Ou encore au Mali, où en 2019 les habitants sont descendus par milliers dans les rues pour protester contre le mauvais état et la dangerosité des routes du pays.
Le coût astronomique du mauvais état des routes
Sur l’ensemble du continent, « le déficit d’infrastructures concerne (…) les infrastructures entre pays mais également les routes de desserte reliant les zones de production et les centres de transformation des produits agricoles, ainsi que l’accès limité à l’électricité », relèvent les auteurs d’une étude parue en 2017 dans la revue Interventions économiques. Selon eux, « le transport routier est le mode de transport motorisé dominant en Afrique, représentant 80 % du trafic de marchandises et 90 % du trafic de passagers sur le continent », mais « la densité routière (y) reste très faible (environ 7 km/100 km²), avec 40 % des routes en mauvais état ».
Sans surprise, la vétusté des routes africaines a un impact direct sur le développement des pays concernés. Sans route, ou sans route aisément praticable, pas ou peu d’accès aux besoins élémentaires que sont l’eau, la nourriture, l’éducation ou les soins médicaux. Et sans route, ou sans route goudronnée, voyager est plus long, mais aussi plus risqué, et surtout bien plus cher : d’après la Banque africaine de développement (BAD), les coûts de transport en Afrique seraient ainsi supérieur de +63 % à ceux des pays développés. Un surcoût qui pèse sur les citoyens, mais aussi sur les entreprises et leur compétitivité : toujours selon la BAD, les coûts liés au transport représenteraient entre 30 % et 50 % de la valeur totale des exportations africaines.
En RDC, le Groupe Forrest International pave la voie au développement du pays
Deuxième pays d’Afrique par sa superficie (plus de 2,3 millions de kilomètres carrés), la République démocratique du Congo (RDC) rencontre les mêmes problématiques, encore décuplées par le gigantisme de son territoire. Ainsi, par exemple, dans la province de l’Ituri, dans le nord-est du pays, où le mauvais état des routes freine les échanges économiques et entretient l’insécurité, des bandes armées s’attaquant régulièrement aux camions embourbés. Ou encore dans celle du Sud-Kivu, où à peine 13 % des plus de 162 000 kilomètres de routes que compte la région sont en bon état et où la moindre averse transforme la voirie en infranchissable champ de boue.
Avec l’aide de groupes privés congolais, les autorités entreprennent cependant de nombreux chantiers afin d’améliorer les conditions de circulation de la population. Dans la province du Haut-Katanga (Lubumbashi, Likasi), le Groupe Forrest International (GFI) a ainsi conclu un contrat de développement routier avec les dirigeants locaux, qui permet la réhabilitation des principaux axes routiers de la région selon les meilleurs standards internationaux : assainissement, création d’accotements, de bermes centrales assurant la sécurité et d’un éclairage solaire permettant de palier au déficit énergétique, chronique dans le pays.
Dans la province voisine de Lualaba, c’est aussi GFI qui est à la manœuvre pour construire un nouvel échangeur routier à Kolwezi, la capitale de cette importante région minière. Soutenu par le président de la RDC, Félix Tshisekedi, qui s’est lui-même rendu sur le chantier en fin d’année dernière, le projet prévoit, notamment, la construction de deux ponts et plusieurs kilomètres de chaussée bitumée devant permettre de désengorger le trafic à l’entrée de la ville. Plus au Nord, dans la capitale congolaise Kinshasa, les autorités ont récemment lancé le projet baptisé « Kin-Espoir », qui vise, là aussi grâce à un partenariat public-privé, à réhabiliter 200 kilomètres de voies afin d’atténuer les désagréments causés par les embouteillages. Et en RDC toujours, le gouvernement s’est associé à l’Ouganda voisin afin de financer la réhabilitation de plus de 220 kilomètres de pistes transfrontalières afin de booster les échanges commerciaux entre les deux pays.
Un besoin d’investissements sur le long terme
Si des projets d’infrastructures émergent donc aux quatre coins du continent, aucune amélioration significative et pérenne ne pourra être enregistrée sans que soit comblé l’impératif besoin en financement. La BAD encourage ainsi les pays africains à investir dans de nouvelles routes, en tirant parti du « désavantage positif » que représente leur déficit d’infrastructures routières pour construire de nouvelles voies « résilientes », mieux adaptées aux effets du réchauffement climatique – un poste auquel la banque a consacré plus de 9 milliards de dollars en une décennie. Un message qui semble avoir été entendu tant au Sénégal, où la BAD a financé un programme de désenclavement de plus de 2 500 kilomètres de routes, ou encore au Kenya, dont les autorités viennent d’annoncer leur intention d’investir pas moins de 2,4 milliards de dollars dans les infrastructures routières d’ici 2027.