En RDC, la « star des gouverneurs », c’est Fifi Masuka


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Fifi Masuka Saini, Gouverneure du Lualaba
Fifi Masuka Saini, Gouverneure du Lualaba

En République démocratique du Congo, le gouverneur le plus en vue est… une femme. La seule sur les 26 que compte le pays au total. Son nom : Fifi Masuka Saini. Cette semaine, du 27 au 29 novembre, elle participe aux côtés de ses homologues masculins à la 11ème session de la conférence des Gouverneurs à Kalemie, chef-lieu du Tanganyika. Une rencontre présidée par le Chef de l’Etat Félix Tshisekedi, dont elle est l’une des plus fidèles alliées. 

Par Marc Marlière

Ce 12 novembre 2024 à Kinshasa, la capitale de la RDC, au sortir d’une entrevue avec le ministre des Finances, précédée par un entretien avec le Chef de l’Etat, la gouverneure du Lualaba, Fifi Masuka affiche un large sourire. Venue plaider la cause de l’opérateur minier Kamoto Copper Company (KCC), en délicatesse depuis quelques temps avec les autorités centrales, elle a obtenu gain de cause : la levée du gel des comptes de la société. Un « soulagement pour les travailleurs et leurs familles », réagit-elle aussitôt sur son compte X (ex-Twitter).

Si l’amélioration du climat des affaires est importante, pour Fifi Masuka, la défense des Lualabais l’est peut-être plus encore. « KCC, c’est 5.000 emplois directs et 20.000 indirects », rappelle-t-elle toujours sur X. Ce faisant, la seule femme à avoir été élue gouverneure (sur 26) en avril dernier est dans son rôle institutionnel.

Mais c’est aussi pour elle « un devoir moral, une mission quasi-sacrée », explique un député provincial qui la connait de longue date. « Elle est sincèrement croyante. Faire le bien pour la population est capital pour elle. C’est ce qui la distingue de beaucoup d’autres acteurs politiques dans le pays », souffle cet élu de Kolwezi. Et d’ajouter : « cela s’explique aussi par l’éducation très droite qu’elle a reçu de ses parents, des gens à la fois simples et exceptionnels. Son père, Saini Kasanji, était conducteur de taxi, et sa mère, Yvonne Kashala, vendeuse de poisson fumé au marché », se remémore-t-il.

Bien qu’élu de l’opposition, il dit apprécier la gouverneure,  avant-dernière d’une famille de six enfants, « tant pour sa personnalité que pour sa gestion » qu’il qualifie d’« équilibrée ». Malgré un contexte parfois difficile et des relations complexes avec Kinshasa (le Lualaba, province richement dotée sur le plan minier, attire les convoitises), Fifi Masuka a démontré depuis 2021, date de sa prise de pouvoir de fait à la tête du gouvernorat du Lualaba, qu’elle savait défendre les intérêts de la province. Avec subtilité et efficacité, en évitant de froisser certaines susceptibilités…

Et ça marche. Car s’il y a énormément à faire, la province, l’une des quatre avec le Haut-Katanga, le Tanganyika et le Haut-Lomami à être issue du démembrement de l’ex-Katanga, se construit aujourd’hui à tour de bras. Logements, routes, ponts, hôpitaux, écoles comme elle l’a relaté il y a peu sur les réseaux sociaux. Tout y pousse comme des champignons. Ce qu’elle n’a pas manqué de rappeler vendredi 22 novembre à l’occasion d’une conférence de presse pour faire état de son bilan à l’issue de ses cent jours à la tête du gouvernorat depuis sa prise officielle de fonction en juillet dernier. « Une manière de rendre compte, en toute transparence, à la population de notre action et de nos réalisations », a-t-elle expliqué. 

Si pour ses contempteurs, Fifi Masuka, 57 ans aujourd’hui, n’en fait pas assez, pour ses partisans, elle a dû rattraper les nombreux retards accumulés sous le mandat de son prédecesseur, Richard Muyej, un proche de Joseph Kabila. « A l’époque, le Lualaba n’était qu’une mine à ciel ouvert et tout l’argent partait à l’extérieur. Aujourd’hui, même s’il reste du chemin à faire, la province est sur la bonne voie », constate un ministre du gouvernement Suminwa, originaire de l’est. « La preuve, hier on ne parlait que du Haut-Katanga. Désormais, c’est le Lualaba qui tient le haut du pavé ». 

Pour lui, sans l’ombre d’un doute, Fifi Masuka est la « star des gouverneurs »« Fifi, c’est un peu l’anti-Jacques Kyabula (le gouverneur du Haut-Katanga, NDLR). Elle est aussi chaleureuse et proche des gens que lui est froid et distant », souffle le directeur d’une grande entreprise minière qui opère dans les deux provinces. Et de faire observer qu’ « alors que dans le Haut-Katanga les choses se dégradent, au Lualaba, le climat des affaires s’améliore, ce qui favorise l’activité économique et donc l’emploi ».

Fifi Masuka Saini aux côtés de Félix Tshisekedi

Les plus hautes personnalités défilent aujourd’hui à Kolwezi. Le président de la République Félix Tshisekedi s’y rend régulièrement, la première dame Denise Nyakeru y était fin octobre, l’ambassadeur de France en RDC, Rémi Maréchaux, quelques jours plus tard, et pas une semaine de ne s’écoule sans qu’un ministre y fasse le déplacement. L’occasion de constater que la province poursuit sa transformation à cadence accélérée. 

Cette semaine, Fifi Masuka participe donc, aux côtés de ses 25 collègues masculins à la 11ème session de la Conférence des gouverneurs à Kalemie, la capitale du Tanganyika. Un événement présidé par le chef de l’Etat dont elle est l’un des plus sûrs alliés et qui en sera la grande attraction. Mais, cette fois-ci encore, une partie des regards seront également tournés vers « Maman Fifi », comme elle est affectueusement surnommée par les Lualabais. 

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