Des Congolais jugent « insatisfaisant » le bilan de l’Etat de siège décrété par le Président congolais, Félix Tshisekedi, dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, le 6 mai 2021. Ils se sont confiés à AFRIK.COM à l’occasion de la première année de cette mesure visant à «mettre fin aux exactions et à l’insécurité grandissante» dans ces zones du pays.
Le bilan de l’Etat de siège dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri est loin d’être satisfaisant dans l’opinion congolaise, une année après son instauration. Selon certains Congolais, «l’Etat de siège a montré ses limites», en raison de la persistance de l’insécurité dans les provinces concernées, ceci en dépit des efforts fournis par les autorités. «Curieusement cette mesure n’arrête pas l’activisme des groupes armés dans le territoire de Beni et en Ituri», lance Kakule, jeune étudiant à l’Université Catholique de Graben à Beni. Ce point de vue est soutenu par un autre jeune de la ville Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu. «L’instauration de l’Etat de siège a apporté l’espoir face aux massacres à répétition. Mais aujourd’hui, nous réalisons qu’elle n’a pas réussi à imposer l’autorité de l’Etat», lance-t-il.
Pour d’autres, «la proclamation de cette mesure n’a pas tenu compte des réalités sur le terrain. Il fallait une étude en amont avant la prise de toute décision», estime Sikwaya, jeune activiste des droits de l’Homme. «L’Etat de siège peine à porter ses fruits. Cependant, son instauration témoigne de la volonté des autorités de mettre fin à l’insécurité grandissante dans notre province», confie pour sa part Guelord. «L’instauration de cette mesure est venue légaliser les violations des droits de l’Homme dans ces provinces. Les autorités devraient penser à l’amélioration des conditions de travail de l’armée», dénonce Augustin Tech, entrepreneur dans la ville de Goma. «Depuis la mise en place de cette mesure, nous notons plusieurs dérapages de policiers, dans certains coins de notre ville», confie une jeune fille qui a requis l’anonymat.
Le 6 mai 2021, le Président congolais Félix Tshisekedi a instauré l’Etat de siège dans les deux provinces. L’entrée en vigueur de cette mesure exceptionnelle a conféré le pouvoir aux militaires et aux policiers. Notons qu’à l’occasion de sa première année, une table ronde sera organisée entre le gouvernement congolais, le Caucus des élus du Nord-Kivu et de l’Ituri ainsi que des Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) pour évaluer l’Etat de siège et réfléchir sur «le retour de la paix» dans ces deux provinces.