Dans un geste politique significatif, le prince héritier et Premier ministre saoudien, Mohammed Ben Salmane, a émis des directives formelles à toutes les administrations publiques de l’Arabie saoudite. Il affirme la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental en interdisant ce dernier terme et en modifiant toutes les cartes.
Cette décision renforce les relations historiques entre le Maroc et l’Arabie saoudite et marque un point important pour Mohammed VI dans la longue controverse concernant le statut du Sahara.
Depuis des décennies, le statut du Sahara occidental est au cœur de tensions régionales et de débats internationaux. Ancienne colonie espagnole, cette vaste étendue de territoire est revendiquée à la fois par le Maroc et le Front Polisario, soutenu par l’Algérie, depuis le retrait de l’Espagne, en 1975. Le Maroc a toujours maintenu que le Sahara occidental fait partie intégrante de son territoire, invoquant des liens historiques et culturels, tandis que le Front Polisario lutte pour l’indépendance de la région. Malgré diverses initiatives et négociations sous l’égide des Nations Unies, la question est toujours sans solution définitive.
Un rapprochement entre MBS et M6
La récente décision de Mohammed Ben Salmane s’inscrit dans un contexte de relations historiquement fortes entre le Maroc et l’Arabie saoudite. En interdisant l’utilisation de l’expression « Sahara occidental » et en exigeant des cartes géographiques complètes incluant cette région comme partie intégrante du Maroc, l’Arabie saoudite réaffirme fortement son soutien à la position marocaine. Cette directive, qui a été étendue à l’ensemble des ministères et services publics saoudiens, souligne l’engagement de Riyad. De plus, le ministère saoudien de l’Éducation a déjà pris des mesures pour mettre en œuvre cette directive, soulignant l’urgence et l’importance de cette position.
Il est possible que cette décision soit le résultat d’un rapprochement initié en juillet 2022, lors de la visite de MBS à Paris, alors que Mohammed VI était a priori au chevet de sa mère, malade. En effet, Lalla Latifa réside à Bougival, à quelques centaines de mètre du magnifique château que possède, depuis 2015, Mohammed Ben Salmane à Louveciennes, la commune voisine. Château dans lequel il avait justement résidé, pour la première fois, lors de ce voyage en France.
Un impact régional et international
Cette décision de l’Arabie saoudite a des implications qui dépassent les frontières des deux pays. Elle intervient dans un contexte où plusieurs nations ont récemment ouvert des consulats dans les villes du Sahara occidental, reconnaissant de facto la souveraineté marocaine sur la région. La position de l’Arabie saoudite, un acteur clé dans le monde arabe et musulman, pourrait influencer d’autres pays à suivre son exemple, modifiant ainsi potentiellement l’équilibre diplomatique concernant la question du Sahara.
L’Algérie en ligne de mire
Cette décision a aussi pour objectif de faire pression sur l’Algérie, principal soutien du Front Polisario. En effet, la tension continue de monter entre Alger et Abou Dhabi, après que l’Algérie a accusé les Émirats de financer des campagnes de désinformation et de fournir un logiciel espion au Maroc. Le ministère algérien des Affaires étrangères a d’ailleurs annoncé qu’il va convoquer l’ambassadeur des Émirats à Alger pour lui signifier sa vive protestation.