En attendant le cinéma


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Mohamed Mahmoud

Le jeune acteur du dernier film d’Abderrahmane Sissako a quelque chose de son personnage : timide, réservé et rêveur. Alors qu’il n’avait jamais vu une caméra de sa vie, Mohamed Mahmoud porte sur ces épaules encore frêles ce très beau film. Rencontre.

Dans le film d’Abderrahmane Sissako, il porte des chemise à fleurs qui lui donnent un côté rétro et des pantalons coupés comme ceux qu’affectionnent les modeux parisiens. Il s’est laissé pousser les cheveux pendant deux mois. Interdiction de couper les belles boucles brunes. Dans En attendant le bonheur (Heremakono), Mohamed Mahmoud parle peu. Le Mauritanien observe, réservé, la ville de Nouadhibou, au nord de la Mauritanie.

Comment ce jeune homme aux airs adolescents et au sourire ravageur s’est-il retrouvé dans le film sélectionné à Cannes dans la catégorie Un certain regard en 2002 ?  » Par surprise !  » L’histoire de Mohamed, c’est celle d’un agréable coup du destin. C’est la chance, la baraka.  » Tous les week-end, je vais au cinéma, j’adore voir des films et devenir comédien, c’est un rêve que je caresse depuis l’enfance. Mais jamais je n’aurais pensé entrer dans ce milieu avant la rencontre avec Abderrahmane.  »

De la souffrance

Une rencontre au coin de la rue. Mohamed discute avec une bande de copains tandis que le réalisateur, à l’affût, cherche à constituer son casting, qui sera entièrement composé de novices. Il aborde le groupe et repère celui qui est encore étudiant en droit.  » Il m’a dit que je lui plaisais « , se souvient Mohamed.  » Il m’a expliqué le projet et m’a laissé un mois pour réfléchir. Je ne le connaissais que de nom mais j’ai lu le scénario et ça m’a beaucoup plu.  » En attendant d’aller vers le cinéma, Mohamed a donc laissé le cinéma venir à lui.

Pendant deux mois et demi, l’enfant de Nouakchott découvre le métier d’acteur, complexe et exigeant.  » Au début j’avais peur, je ne savais pas quels gestes faire, heureusement, Abderrahmane m’expliquait précisément ce qu’il voulait. Parfois, je ne parlais pas pendant cinq ou dix minutes, c’est très difficile ! C’est dur de faire un premier film, c’est de la souffrance, mais ça vaut le coup. J’ai compris en jouant que c’est vraiment ce que je voulais faire.  »

Histoire d’amour

Alors que qu’Hermakono est déjà sorti en France, Mohamed l’a vu pour la première fois cette semaine. A son sourire ravi, on devine qu’il en est fier. Le film correspond à sa personnalité.  » C’est plein de poésie, c’est beau. Au cinéma, je n’aime pas les films d’action, j’aime les histoires d’amour…  » Une histoire d’amour est née entre le jeune Mauritanien rêveur et le 7ème art. Mohamed espère bien rencontrer une fois de plus son destin : il cherche une école de cinéma à Paris pour continuer à tourner. C’est là qu’est son bonheur.

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